Les hommes sont mille fois plus acharnés à acquérir des
richesses que la culture , bien qu’il soit parfaitement certain que le bonheur
d’un individu dépend bien plus de ce qu’il est que de ce qu’il a.
Schopenhauer
Acquérir de la culture = devenir ce qu’on peut être
Acquérir des richesses = posséder ce qu’on peut avoir
Le premier de ces biens se trouve en nous-mêmes et on
l’emporte toujours avec nous : l’exilé conserve sa culture où qu’il soit
(1).
Le second est extérieur et on peut en être dépossédé :
quand bien même il serait constitué d’une incroyable richesse cachée dans une
banque en Suisse, il y aurait toujours la menace que quelqu’un s’en empare.
Laissons de côté la question de savoir si pour acquérir
de la culture (au sens restreint cette fois) il est préférable d’avoir des
richesses, pour nous focaliser sur la dernière proposition de cette phrase de
Schopenhauer : que le bonheur d’un individu dépend bien plus de ce qu’il
est que de ce qu’il a.
Laissons donc aussi de côté les rêves de richesse des
joueurs de Loto et autres loteries : le bonheur qu’on vous propose n’est
pas seulement fait de cocotier et de sable blanc. Il est aussi fait de
l’identification au beau mec qui barre le voilier de 25 mètres – ou à la belle
nana qui bronze ses formes généreuses à l’avant du bateau…
Autrement dit il ne suffit pas d’avoir, il faut aussi
être. Car sans cela, il y aura toujours, comme un ver dans le fruit, le désir
d’être un peu plus riche, un peu plus estimé, un peu plus aimé – ou un peu
moins vieux, un peu moins moche, etc.
Là-dessus, je crois qu’on peut tomber d’accord. Reste la
question : Schopenhauer a-t-il raison d’identifier la culture à ce qui
permet d’être pleinement ce qu’on doit être pour être heureux ? Ce serait
un peu trop simple, n’est-ce pas ? A Bac-plus-6 on serait deux fois
plus heureux qu’à Bac-plus-3 ?
Quant à ceux qui ont un QI à 150, le bonheur serait pratiquement donné.
La culture, c’est
ce qui reste quand on a tout oublié : on connait cette citation qui
finit par être irritante parce que formulée trop souvent, comme preuve de
l’inanité de la culture. En réalité, ce qui reste quand on a tout oublié, c’est
ce qu’on est devenu grâce à la culture. Et rien d’autre.
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(1) Précisons qu’on emploie ici le terme de
« culture » au sens le plus général : ce qu’on acquiert par
apprentissage au cours de l’existence. Ainsi de la langue maternelle, qu’en
effet l’exilé garde toute sa vie.
2 comments:
"la culture, c'est ce qui nous restera toujours, quoi que l'on nous fasse, que l'on nous vole où nous détruise"
dixit ma grds-mère pr que j'apprenne mes devoirs
*ou ns détruise
ps; à midi, j'me pose chez moi et comme souvent y'a personne, j'déjeune et j'lis votre citation du jour.
salutations et merci pr ce blog
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