« Une nuit de Paris repeuplera tout cela. »
Napoléon Bonaparte,
devant les monceaux de cadavres du champ de bataille de Leipzig (Cité par
Cendrars, Moravagine p. 262)
« … il ne faut pas se prendre trop au sérieux – une
nuit suffit.
Une nuit d’amour
Moins que cela : un coup de bite
Un nœud. »
Blaise Cendrars,
même référence.
Cynisme de l’Empereur indifférent devant le carnage de la
guerre ?
Absence de dramatisation plutôt si l’on en croit le
commentaire de Cendrars (notre Citation du jour).
Les hommes ne sont pas plus que des soldats : quand
un soldat meurt, un autre se lève et prend sa place (1) – chacun est exactement
identique à chacun, il n’y a ni perte ni gain tant que le nombre des
combattants reste identique.
Par ailleurs, la vulgarité du « coup de bite » est là pour nous rappeler que nous ne valons
pas plus que l’acte qui nous a engendrés.
--> On se rappellera l’anecdote qu’on raconte à propos
d’Alfred Jarry : alors qu’il s’entrainait avec un ami à tirer au pistolet
dans son jardin, une femme parait derrière la clôture.
- Monsieur, vous auriez pu tuer mon enfant !
- Madame, répond Jarry, si ce malheur était arrivé, nous
vous en aurions fait un autre.
Mais il s’agit de la guerre : ce n’est pas un jeu. C’est
peut-être ça l’horreur de la guerre : nous donner à comprendre que nous
sommes si peu de chose qu’on ne nous définisse que comme de la chair à canon.
Non seulement notre mort ne sera pas une perte pour l’humanité, mais notre vie
ne sert qu'à être au cœur de la cible…
Cœur de cible… Ça
ne vous rappelle rien ? Mais oui ! pour les publicitaires nous
sommes, vous et moi, des cœurs de cible pour leurs messages qui visent à faire
de nous des consommateurs béats. (2)
Sachant cela, il ne reste plus qu’à savoir de quelle
cible nous constituons le cœur.
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(1) Comme le dit le Chant des partisans : Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à
ta place
(2) C’est exactement ce que disait Patrick Lelay en
2004 à propos des programmes de TF1: Ce que nous vendons
à Coca-cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. Que faut-il
pour qu’un cerveau soit disponible ? Il faut l’attraper par les oreilles
(comme le Lapin) pour le « scotcher » devant son écran télé.
(Petit rappel de citation : « Les hommes sont comme les
lapins, ils s’attrapent par les oreilles. » Mirabeau. Voir ici)
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