Une femme ne se donne jamais. Elle s’offre en sacrifice.
Cendrars –
Moravagine (p. 130)
Dans ce livre de Cendrars, c’est à Moravagine que
reviennent les tirades misogynes et antisémites. Tirades dénoncées par le
narrateur comme « extravagantes » mais très largement et
explicitement – faudrait-il dire complaisamment ?
– exposées.
J’en soulignerai deux propositions.
1 – La femme (universel singulier) est dangereuse.
Elle est dangereuse parce que, comme le Juif, elle est
masochiste : son désir d’autodestruction implique le désir de destruction
de l’humanité : elle veut anéantir celle-ci pour pouvoir disparaitre avec
elle. C’est en cela que consiste le danger qu’elle incarne : il n’y a donc
pas plus urgent, selon Moravagine, que de tuer les femmes. Et c’est pour cela
qu’il en éventre régulièrement au fil des pages. Quant à ce qu’il faudrait
faire aux juifs, le Moravagine de 1926 n’en parle pas.
2 – Mais la femme est également orgueilleuse.
Chez Cendrars, la femme pratique l’enjambement des
contraires : au maximum d’humiliation masochiste coïncide chez elle le maximum
d’orgueil. Ainsi la femme qui s’offre en sacrifice s’en remet au pouvoir de son
bourreau : elle est la soumission même. Mais en même temps, s’offrir en
sacrifice, c’est pour elle se définir comme possédant quelque vertu majeure qui
va pouvoir être consumée dans le sacrifice.
Car, c’est cela le sacrifice : la destruction de ce
qui a quelque chose d’exceptionnel, de la pureté, de la beauté, de la noblesse
(1). S’offrir en sacrifice, c’est montrer qu’on est digne d’être sacrifié.
Tel est l’orgueil masochiste des femmes.
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(1) En Grèce antique, les bœufs ou les génisses qu’on
sacrifiait étaient les plus gras et les meilleurs ; on les lavait, on les
enrubannait de guirlandes fleuries. Je n’ai jamais entendu dire qu’on donnait
aux Dieux des porcs en sacrifice.
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