La même salive fait le crachat ou le baiser, le même
désir fait le viol ou l’amour.
Comte-Sponville –
Petit traité des grandes vertus – La pureté (p.233)
Le 9 décembre dernier, j’avais évoqué les baisers
dégoutants, faits de baveux remugles de vin… Pouah !
Mais enfin, qui sommes-nous pour en juger ? Si la
photo que nous avions alors publiée paraissait dégoutante, c’est bien parce que
nous nous imaginions à la place de la fille. Mais elle, qu’en
dirait-elle ? Nous devons admettre que nous n’en savons rien.
On ne doit pas s’en tenir à un tel exemple. A la question :
Y a-t-il des baisers purs ?
suffirait-il de répondre (comme hélas le faisaient mes élèves du temps où je
leur posais des questions embarrassantes) :
- Ça
dépend…
Oui ? Ça
dépend de quoi ? De la fille ? Du garçon ? De la qualité du vin qu’il vient de
boire ?
Evidemment, il faut arriver au principe, et pour cela suivons
Comte-Sponville :
Principe – Rien de ce qui vient
du corps n’est pur ni impur. Mieux même : rien n’est en soi pur ou impur.
Donc : c’est le rapport à autrui qui induit ou non
l’impureté ; « ce n’est pas le
sexe qui est impur, c’est la force ou contrainte » dit
Comte-Sponville.
La pureté quant à elle provient de l’acceptation qui
exclut la contrainte : « l’amour
n’exerce ni ne subit la force ; c’est là l’unique pureté. »
(Simone Weil – La pesanteur et la grâce)
Respects… Douceur… Egards… Telle est la pureté de
l’amour. Et la violence ? La brutalité ? Telle est l’impureté dans
l’amour.
Trop simple. Que faire de ces amoureux qui trouvent dans
l’exultation des corps (J. Brel) le
summum dans lequel ils communient ?
Retournons à Comte-Sponville : « la pureté n’est pas absolue, la pureté n’est
pas pure » : elle est un certain état d’esprit, celui qui
justement, dans l’innocence des premiers commencements, donne à l’autre sans
penser à lui prendre quoique ce soit en retour. « Posséder, c’est souiller » dit Simone Weil.
Que pourrait-on ajouter ?
Oui, quand même : on pourrait demander encore si on peut
aimer sans posséder.
Je ramasse les copies dans 4 heures.
2 comments:
Il en a de bonnes, le père Hamel!:-)
Tsss,... une onde de chocs... Voui, j'aimerais bien savoir savoir ce qu'en pense UNE philosophe !
Ben oui que ça dépend !
Mais, je suis d'accord, on aime posséder(- un certain temps-) Je suis affreuse mais pure !
F' ralinlol 1255 et LOL ;-)
Je veux bien qu'on demande à une madame philosophe sa conclusion. Mais je doute fort que des principes philosophiques soient quant à eux mâles ou femelles.
D’ailleurs je cite indistinctement monsieur Comte-Sponville et madame Weil
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