[l’amour] c’est bien le seul cas où plus nous possédons,
/ plus notre cœur brûle d’un funeste désir.
Lucrèce – De la
nature (IV – 1089-1090) Traduction Kany-Turpin
Selon Lucrèce, le besoin est caractérisé par une vacuité
du corps que la satisfaction matérielle va remplir. J’ai soif et l’eau va
occuper dans mon corps l’espace vide que ce besoin manifeste. J’ai faim et le
pain fait de même. Mais que dire de l’amour ? Croit-on que c’est un excès
de liquide séminal qui le produit, et qu’une vigoureuse évacuation en éteindra
la brûlure ?
Mais d’un beau visage
et d’un teint frais, rien ne pénètre / pour réjouir le corps, hormis des
simulacres / ténus espoirs emportés par le vent, pauvrets !
(v.1094-1096) Et Lucrèce d’évoquer le supplice de Tantale : l’assoiffé est
plongé dans un torrent d’eau fraiche qui se dérobe à ses lèvres avides.
Comment assouvir le désir amoureux ? Nous avons
donné hier un début de réponse à cette difficulté : dans l’amour il faut
inverser le processus du besoin : il s’agit non pas de prendre, mais de
donner.
Assouvir le désir amoureux, c’est donner… donner
quoi ? A qui ? Et donner combien ?
- Alors il y a les poètes qui vont nous l’expliquer
(comme Michel Polnareff – ici) : heureusement qu’ils sont là, ceux-là.
Parce qu’autrement, il y a les méchants psychanalystes
qui vont ricaner et nous dire :
« L'amour,
c'est offrir à quelqu'un qui n'en veut pas quelque chose que l'on n'a pas. »
– Jacques Lacan
Quelque chose que
l'on n'a pas : qu’est-ce qu’il en sait Lacan ? Ça, il ne l’avait
peut-être pas – lui. Mais quant à
moi…
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