Sunday, May 12, 2013

Citation du 13 mai 2013



Aimer, c'est jouir, tandis que ce n'est pas jouir que d'être aimé.
Aristote – Ethique à Eudème
Le plaisir (jouir) appartient à l’acte d’aimer, non au fait d’être aimé.
Remarquons d’abord que l’asymétrie posée par Aristote fait référence à l’amour Eros et non à  l’amour agapè (1) dont parlent plus spécialement les chrétiens pour évoquer l’amour de Dieu envers les hommes. Mais surtout, n’oublions pas que pour Aristote l’amour vise l’acquisition d’un avantage supposé possédé par l’objet de cet amour, et donc que celui qui est aimé n’a pas forcément l’occasion d’envier ce que possède son amant – et donc pas forcément de jouissance à en espérer.
On dit souvent que c’est cet aspect égoïste de l’amour grec qui surprend et qui choque notre conscience occidentale, forgée à l’amour courtois.
Sans doute – Mais il faut aussi remarquer que se trouve ainsi évacué le plaisir d’être aimé : Aristote fait l’impasse sur ce plaisir comme si il n’était pas si important d’être aimé.
On dira peut-être qu’en amour on espère toujours quelque chose, et qu’en-dehors de l’espoir d’être le captateur l’autre, en étant aimé on peut espérer ce supplément d’être qu’apporte le fait d’être désiré par autrui. Hegel en fera même un moment décisif de sa philosophie de la conscience : ce que je recherche dans l’autre c’est la reconnaissance de ma valeur, de sorte que je puisse entendre mon existence annoncée de l’extérieur par l’amoureux qu’on a subjugué : « Oui, tu existes pour moi comme un être désirable, parce que tu as de la valeur. – et même plus de valeur que moi. »
Il ne s’agit pas simplement d’un plaisir narcissique ; c’est une étape décisive dans la conquête de la conscience de soi. Pour accéder à cette conscience, il faut que j’existe pour moi comme un objet réel ayant la même consistance qu’un objet situé quelque part dans le monde – ce qui n’est possible que si ma consistance et ma valeur sont attestées par le désir d’autrui.
----------------------------------
(1) Agapè (ἀγάπη) est le mot grec pour l'amour « divin » et « inconditionnel », complétant la liste des mots grecs pour dire amour : Éros (l'amour physique), Agapè (l'amour spirituel), Storgê (l'amour familial) et Philia (amitié, lien social). Les philosophes grecs du temps de Platon l'utilisaient dans un sens supposé universel, c'est-à-dire opposé à un amour personnel ; cela pouvait signifier l'amour de la vérité, ou de l'humanité. (Fiche Wikipédia)

2 comments:

FRANKIE PAIN said...

bonjour cher philosphe merci de cette citation d'aristote cela permet de recaler des choses
très belle journée
françoise

Anonymous said...

Est-il besoin d'être philosophe pour l'éprouver... non, mais pour l'exprimer OUI!

Merci une fois de plus ...

F'(rgagreg canopy)