Organiser d'urgence les jeux olympiques des
dopés, toutes drogues confondues étant admises, du moment que les records
tombent. Succès garanti.
Roland
Topor
Succès garanti : eh bien, oui – si l’on organisait, à côté des Jeux Paralympiques, des Jeux « doppingless » et à côté encore des Jeux pour sportifs défoncés ; et à supposer que les records tombent comme pluie en mai grâce à ces derniers, je suis certain que le pronostic de Topor serait vérifié.
J’en veux pour preuve le public qui se
masse sur le trajet du Tour de France, dans la montée des cols en particulier,
là où on peut faire la différence entre le cycliste clean et celui qui s’est
soigné – lequel se reconnait à ce qu’il fonce dans les montées à 15% comme s’il
traversait les Landes.
- Oui, on sait bien qu’il est chargé comme
une mule, mais on applaudit quand même et on crie : Vas-y Armstrong !
Les gens se moquent de la morale, sauf dans
une seule circonstance : quand le fautif a été pris la main dans le pot de
confiture, et qu’on l’a confondu comme tricheur. Là on peut crier sa colère et
son dégout. Ouh ! Honte à Armstrong-le-Tricheur ! Après le plaisir de
l’exploit, on ne va pas se priver du plaisir du lynchage.
Mais bon, ce ne sont que des exploits
sportifs et sauf à dire que la santé de nos enfants qui sont dans des clubs
sportifs en dépend, le dopage est quand même une faute bien légère.
Quoique… Généralisons hardiment : et
si ce désintérêt pour le respect des valeurs morales était une généralité et
non une exception réservée aux sportifs ? Si le cas des hommes
politiques devait s’ajouter à celui des tricheurs sportifs ? Et si
les élections avec trucage des listes, plus le financement des campagnes, et
puis pour aller avec, la corruption dans la passation de marchés publics etc.,
- bref, si tout ça laissait des traces vraiment
indélébiles, on perdrait d’un coup tout un personnel politique pourtant bien
apprécié… Peut-on se le permettre ? Oublions donc toutes ces
casseroles : il n’y a quand même pas mort d’homme ! (1)
Mais pourquoi s’en offusquer ? Nous
sommes dans une civilisation de la performance. Tous les moyens sont bons dès
lors qu’ils réussissent.
Ça porte un nom d’ailleurs : ça
s’appelle le pragmatisme.
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(1) Rappelons que tel était le jugement de
Jack Lang à propos de l’affaire DSK (vidéo ici)
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