Ce n'est pas la mondialisation qui dissout
les nations, mais l'autodissolution des nations qui produit la mondialisation.
Emmanuel
Todd
Pire qu'un pouvoir occulte, nous découvrons
avec la mondialisation une pure absence de pouvoir.
Luc
Ferry
En 1948, Georges Orwell publiait un livre
dont le retentissement est parvenu jusqu’à nous : il s’agissait de 1984 (titre obtenu par la permutation
des deux derniers chiffres de la date d’écriture du livre). On y voyait le
monde divisé en deux blocs, chacun en guerre contre l’autre, le bloc de l’ouest
étant dominé par un dictateur totalitaire : Big Brother.
Sous nos yeux cette prophétie se réalise
d’étrange façon :
- Non, le monde n’est plus divisé en deux
blocs ; oui, il est devenu totalitaire en ce sens que le citoyen est privé
de son pouvoir politique.
-
Oui, les peuples du monde sont dominés par une puissance qui leur
échappe. Non cette puissance ne s’est établie ni par un scrutin, ni par la
ruse, ni par le force des armes.
- Oui, cette domination sonne le glas de la
politique : bien qu’elle ne doive rien à la force armée, la mondialisation
– puisque c’est d’elle que nous parlons – résulte de la finance et de
l’économie, pouvoir diffus, tentaculaire, et qui plus est, pouvoir dont les
victimes ne peuvent que souhaiter le triomphe.
Bizarre quand même…
Oui, mais pas tant que ça.
Marx l’a dit et peut-être d’autres avant
lui. Le pouvoir réel peut très bien être dissimulé derrière le pouvoir
politique, pouvoir fantoche, qui n’est là que comme n’importe quelle idéologie,
pour servir de paravent au pouvoir réel.
Il y a très longtemps, les Rois de France
pouvaient imposer aux riches banquiers, marchands et manufacturiers de leur
donner leur argent sans espoir de le récupérer un jour. On appelait ça :
des emprunts obligatoires.
Mais aujourd’hui, une fois dissipées les
illusions de la gouvernance politique de l’économie, une fois démasquée
l’illusion du pouvoir d’user de son droit régalien de battre monnaie comme bon
lui semble, reste la vérité. Dans la dérégulation de la finance, se révèle un
extraordinaire pouvoir, qui, comme le vent et l’incendie de forêt dévaste tout,
sans autre organisation que celle d’une loi extrêmement simple : le
profit.
Mondialisation, disent en cœur Emmanuel Todd
et Jean-Luc Ferry. Oui, mais : mondialisation de quoi ?
De la production de tee-shirt ? De la
pollution au CO2 ? Des capitaux itinérants ?
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