Thursday, May 16, 2013

Citation du 17 mai 2013



On nous dit qu’il faut prendre son pied, mais qu’il ne faut pas se prendre la tête…
Philippe Meirieu – Phrase prononcée à l’émission l’Esprit public de Ph. Meyer sur France culture le 12 mai 2013
Meirieu concluait ainsi une observation mettant selon lui en évidence un renversement culturel dans le rapport corps-esprit. Autrefois, on disait qu’il fallait mépriser les plaisirs du corps, mais qu’on devait faire effort pour élever son esprit. Maintenant on nous dit qu’il faut faire effort pour multiplier les jouissances du corps, mais qu’on peut laisser en jachère notre esprit.
Il est évident, dit Philippe Meirieu, que ce renversement éclaire certaines difficultés que l’Ecole rencontre aujourd’hui.
J’ai bien des fois rencontré dans le cours de ma carrière (1) cette attitude de jeunes me disant qu’ils refusaient de se fatiguer les méninges, et que je n’avais qu’à leur trouver la recette miracle permettant de torcher une dissert de philo en 30 minutes et d’avoir 12/20 à tous les coups. Ces élèves étaient ardents à participer au cours de philo pendant les 3 premières semaines de l’année, le temps de se ramasser la note qu’ils méritaient à leur premier devoir de philo et de dire : « Prise de tronche ! La philo, c’est pas pour moi ! »
Paresse de potache… Mais ce dont parle Philippe Meirieu est un peu différent. Il s’agit d’une injonction assise sur l’autorité sociale la plus large. Un principe sous-entendu dans chaque publicité, dans chaque émission de l’entertainment télévisuel, voire dans certaines revendications de salariés.
Ne pas se prendre la tête est devenu une revendication lé-gi-time, qui est opposable à toute complexité quelle qu’elle soit. Voyez comment évolue la technologie des machines : l’automatisation est là pour nous dispenser de chercher et de mémoriser les boutons et les bidules qu’il faut activer pour obtenir  la mise en fonction de notre ordinateur, le numéro demandé à notre smartphone, la tasse de café-(N)espresso.
What else ? Épouvantable scandale : je suis encore obligé de dire à mon GPS à quelle destination il doit me conduire. Combien de temps faudra-t-il attendre pour qu’il suffise de lui faire afficher la carte et de poser le doigt sur notre point d’arrivée ?
P.S. On me dit d’aller voir les allemands : si ça se trouve, c’est déjà installé sur les BM de dernière génération.
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(1) Je fus, rappelons-le, prof de philo dans une vie antérieure dont le karma immaculé explique la félicité du retraité que je suis devenu …

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