La valeur d'un État, à la longue, c'est la valeur des individus qui le composent ; et un État qui sacrifie les intérêts de leur élévation intellectuelle à un peu plus d'art administratif - ou à l'apparence qu'en donne la pratique - dans le détail des affaires ; un État qui rapetisse les hommes pour en faire des instruments dociles entre ses mains, même en vue de bienfaits, un tel État s'apercevra qu'avec de petits hommes rien de grand ne saurait s'accomplir, et que la perfection de la machine à laquelle il a tout sacrifié n'aboutit finalement à rien, faute de cette puissance vitale qu'il lui a plu de proscrire pour faciliter le jeu de la machine.
John Stuart
Mill ̶ De la
liberté (1859)
« Le tout est
plus que la somme de ses parties » écrivions-nous hier. On voit combien ce principe est
contestable : l’Etat nous dit Stuart Mill n’est rien d’autre que la somme
des hommes qui sont sous son autorité. Elever leur intelligence c’est élever
aussi sa puissance. L’abaisser en espérant bénéficier de leur docilité, c’est
en réalité perdre du pouvoir et de la capacité d’action.
Rapetissez les
hommes, et vous rapetisserez l’Etat.
Comme notre principe contesté est celui de la synthèse, on admettra que le principe
posé par Mill est celui de l’analyse.
Et pourquoi pas ? Je laisse le débat à d’autres.
Ne croyez pas que je déserte le combat et que je me
désintéresse de savoir lequel de ces principes pourrait triompher. Mais je me
dis que ce que Stuart Mill nous explique nous ouvre les yeux sur un point très précis :
tout ce qui est fait pour décérébrer nos semblables répond non pas à un projet
politique, mais à un projet commercial. Ce que perdent les politiques, les
marchands le récupèrent.
« Ce que nous
vendons à Coca-cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. »
disait TF1.
Je n’en dirai pas plus.
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