Friday, May 03, 2013

Citation du 4 mai 2013



Regards neufs, vieux trous de serrure.
Georg Christoph Lichtenberg / Aphorismes
Les regards neufs se collent à des trous de serrures qui ont déjà beaucoup servi à des voyeurs  de tout acabit.
Oui : et alors ?
Faut-il en conclure que rien de neuf n’arrive en ce bas monde et que derrière  la porte de la salle de bains il y a toujours à peu près les mêmes c… à mater ? Ou bien que seuls les petits enfants ont envie de regarder par les trous de serrures – leurs ainés étant déjà trop blasés pour cela ?
- Sans doute, mais j’aimerais en tirer quelque chose de plus constructif : c’est la curiosité qui nous mène sur les  chemins du savoir, et si l’humanité a progressé c’est bien parce que les hommes ont toujours eu envie de savoir ce qu’on cherchait à leur cacher. N’oublions pas que le péché d’Adam est d’avoir voulu savoir ce que le fait de mordre dans le fruit défendu de l’arbre de la science lui apprendrait.
On me dira que s’il s’agit de voir – comme on le suggérait plus haut – l’intimité de l’amie de maman qui fait sa toilette, on ne risque pas de surprendre un spectacle toujours renouvelé. Soit. Mais dépassons ces obsessions adolescentes.
Peut-être bien que les vieux trous de serrure cachent quelque chose de toujours neuf ?
Ou bien que le secret que nous avons surpris se dérobe à  nous l’instant d’après et qu’il faut y retourner voir ?
Car la serrure c’est aussi cette apparence qui nous cache la réalité, et regarder par le trou ce cette serrure-là, c’est changer notre regard, le convertir même pour que la vérité nous apparaisse.
On rapporte l’anecdote suivante : Galilée et Tycho-Brahé se promènent dans la campagne au petit matin. Le soleil apparait à l’horizon.
- Tiens, dit Tycho-Brahé, voilà le soleil qui monte dans le ciel.
- Non répond Galilée. C’est l’horizon qui s’abaisse et qui nous découvre le soleil.
Notre regard sur le soleil « levant » est toujours naïf, et comme Tycho-Brahé nous avons besoin de quelqu’un qui nous invite à regarder par le trou de la serrure pour voir cette réalité-là.

No comments: