Tuesday, May 14, 2013

Citation du 15 mai 2013



Vos français qui se consolent de tout par un vaudeville, crient un peu quand la guerre les oblige à lever de nouveaux impôts, et quelques plaisanteries leur font tout oublier. Ainsi, par un heureux effet de leur légèreté, le penchant qu’ils ont à la joie l’emporte sur toutes les raisons qu’ils ont de s’affliger.
Frédéric II – Lettre 79 du 25 juillet 1771 à d’Alembert
Si nos ministres s’inquiètent du grondement de la rue devant l’augmentation des impôts, qu’ils relisent cette lettre de Frédéric II de Prusse : qu’ils nous envoient quelqu’amuseur à la télé… ou bien qu’ils démasquent quelque fraudeur bien gras pour canaliser notre indignation.
Oui, MAIS – j’entends d’ici l’objection : encore l’Allemagne qui nous fait la leçon ? Et pire encore : c’est le Roi de la Prusse, ce pays ennemi qui a eu l’audace de nous battre en 1870 et de nous voler l’Alsace-Lorraine !
Pour ceux qui n’auraient pas cette allergie, il est quand même intéressant de se tourner vers l’histoire, pour savoir comment les aléas de l’opinion publique française au 18ème siècle étaient vus depuis la Prusse, par Frédéric II.
Frédéric II, le fils du roi sergent,  que Kant célèbrera comme le despote éclairé ; celui-là même qui a reçu Voltaire chez lui, à Berlin (1750), et qui est l’auteur de cette lettre à d’Alembert où – disons-le – il se moque des français.
Donc, vu de Prusse les français sont des gens peu sérieux, prompt à s’émouvoir de payer l’impôt et aussi prompt à oublier leur indignation. Un peu comme ces gentils sauvages qui oublient le matin ce dont ils auront besoin de soir (1), leur légèreté et leur bonne humeur les conduisent à négliger ce qui serait sans doute plus important pour eux.
Alors, voilà : même si on peut opposer à ce portrait des français celui qui les décrit comme des « italiens tristes », il n’en reste pas moins qu’aux yeux des (futurs) allemands, la France par ses mœurs, appartient bien à ce groupe de pays qu’on appelle maintenant les pays du Club Med – Et cela il y a plus de 250 ans.
Donc : surveillez bien l’actualité, car nos dirigeants après avoir lu ce Post lumineux, risquent bien de s’inspirer de cette réflexion de Frédéric II au moment de divulguer de montant des impôts de l’an prochain …
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(1) L’anecdote est rapportée par Rousseau (Discours sur l’inégalité) : le Caraïbe vend son hamac le matin parce qu’il n’a pas prévu qu’il en aura besoin le soir.

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