Wednesday, May 15, 2013

Citation du 16 mai 2013



Pour être juste, c'est-à-dire pour avoir sa raison d'être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons.
Baudelaire

Avec l’ouverture du Festival de Cannes, nous allons être envahis pendant 15 jours par les commentaires des critiques de cinéma : c’est leur moment de gloire. Il faut dire qu’on ne risque pas de les contredire, dans la mesure où les films dont ils parlent ne sont pas sortis en salle au moment où ils en parlent.
Baudelaire qui ne connaissait certes pas les critiques de cinéma, connaissait bien ceux qui sévissaient dans les théâtres ou dans les milieux littéraires : il en parle de façon encore valable aujourd’hui.
J’avoue avoir du mal avec les critiques ; je leur reproche souvent leur élitisme, quand on fustige un film pour avoir le démérite d’entrer dans un genre – comédie italienne ; film policier ; blockbuster hollywoodien, etc. – au lieu d’être une création d’auteur… Souvent aussi cet élitisme consiste à juger la critique qu’on rédige comme ce qui doit permettre de montrer le brillantissime esprit de son auteur ; à moins qu’il s’agisse simplement de favoriser l’œuvre d’un ami  ou de savonner la planche à un ennemi.
Bref : ces gens ne parlent pas objectivement du film : comment pourrions-nous en tirer parti ?
Toutefois, Baudelaire nous met en garde : ne croyons pas qu’on puisse en parler objectivement ; et même : à supposer qu’on puisse le faire, on risque alors d’avoir à lire un simple rapport qui ne nous permet en aucune façon de nous faire une opinion valable.
Qu’est-ce donc qu’une bonne critique ?
--> Il faut qu’elle soit faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons. Une critique est valable quand on devine ce qui nous restera du film une fois que les lumières se seront rallumées dans la salle.
Quelle garantie avons-nous de tomber d’accord avec le point de vue du critique ? Aucune, sauf à connaitre son point de vue habituel et à savoir qu’il coïncide – ou pas – avec le nôtre.
François Chalais (critique de ciné, resté célèbre pour ses interviews cannoises) déplorait que certains le considéraient comme un critique tellement mauvais qu’ils choisissaient de voir les films qu’il avait descendus. J’avoue que je faisais partie de ces gens-là.
Qu’importe qu’une boussole indique systématiquement le sud plutôt que le nord ? Il suffit de le savoir.

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