Un terroriste n'est pas seulement quelqu'un
avec une arme ou avec une bombe, c'est quelqu'un dont les idées sont contraires
à la civilisation occidentale et catholique.
Jorge
Videla
On ne peut se réjouir de la mort de
quiconque, mais il arrive que celle d’un personnage politique ne nous attriste
pas vraiment. Telle a été la mort de Margaret Thatcher (1) ; telle est la
mort de Jorge Videla, la dictateur argentin qui, il y a seulement quelques
semaines, persistait à dire qu’il n’avait fait que son devoir en supprimant les
opposants politiques, auxquels il assimilait non seulement les partis
politiques de gauche mais aussi tout ce qui était capable de réfléchir un tant
soit peu en Argentine.
Le délit d’opinion est banni de notre code
pénal, mais il se peut que certaines idées ne soient pas des opinions :
telles sont les proclamations antisémites ou racistes. Videla englobait dans ce
cas toutes les idées contraires à la civilisation
occidentale et catholique : on devine qu’il ne s’agissait pas
seulement de contrer le marxisme, mais aussi de conforter le pouvoir de
l’Eglise. On comprend du coup le froncement de sourcils qui a salué la
désignation de Jorge Mario Bergoglio comme successeur de Benoit XVI.
Je passe… Reste à dire que selon Videla les
idées sont aussi dangereuses que des bombes. Voilà qui en dit long sur la
fragilité d’un régime incapable de répondre à des idées par des idées. Inutile
d’aller chercher Pol Pot et son horrible machine à broyer tout ce qui dépassait
le niveau culturel d’un paysan illettré : l’Argentine de Videla a fait de même au nom de la civilisation
occidentale et catholique : notre civilisation.
Occasion de rappeler Paul Valéry et sa
formule tristement célèbre : nous
autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. On
sortait de la Grande guerre, on se préparait sans le savoir encore à déclencher
la seconde : il ne s’agissait pas seulement pour Valéry de dire que notre
civilisation comme les autres peut s’éteindre, mais qu’en plus elle peut aussi
contribuer à sa propre déchéance.
« Tant
d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans
doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens,
anéantir tant de villes en si peu de temps; mais il a fallu non moins de
qualités morales. » Paul Valéry – La crise de l’esprit (Première
lettre) – 1919 (Posté ici)
…il a
fallu non moins de qualités morales : méditons
cela.
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(1) Ding
Dong / The witch is dead (bande originale du Magicien d’Oz – vidéo ici) a été brièvement en tête des ventes au Box-office
musical de Londres : les ardents ennemis de la Dame de fer s’arrachaient
cette chanson qu’ils considéraient comme descriptive de cette annonce.
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