Plus la vie est agréable et douce et
enchanteresse, plus horrible est l'idée de la perdre. Et c'est ainsi que se
corrompent les cultures et que viennent les décadences.
Miguel
d’Unamuno
J'aime le
mot de décadence tout miroitant de pourpre et d'or. J'en révoque bien entendu,
toute imputation injurieuse de déchéance. Ce mot suppose au contraire des
pensées raffinées d'extrême civilisation, une haute culture littéraire, une âme
capable d'immenses voluptés (...) C'est l'art de mourir en beauté.
Paul Verlaine
Notre beau pays est entré en récession. De là à la
décadence il n’y a qu’un pas que nous craignons de franchir.
Soucieuse de rehausser le morale de ses compatriotes, La Citation du jour va s’efforcer de montrer qu’il n’est peut-être pas si
redoutable que cela d’entrer en décadence.
Décadence
II
Mourir n’est rien : si ça se trouve on
ne s’en rendra même pas compte. Mais c’est glisser vers la mort qui est
terrifiant. Cette horreur était érigée autrefois en douleur nécessaire pour
mériter notre salut. Mais pour nous si fortement dé-spiritualisés, rien ne
vient nous consoler de perdre tout cela – la vie !
Si tel est votre cas, ne désespérez
pas : Verlaine vient à votre secours. Il y a dit-il un art de mourir en beauté. Comment
faire ? Il s’agit de pousser à l’excès l’usage de tout ce qui provoque
dans l’âme d’immenses voluptés pour que notre fin soit comme l’explosion d’un
bouquet de feu d’artifice.
On fera peut-être la grimace : voilà
encore l’immoralité de ceux qui nous proposent de sombrer dans la déchéance de
l’alcool, de la drogue et dans l’abrutissement de la débauche.
Peut-être, mais pas forcément ; en
tout cas ce n’est visiblement pas à cela que songe Verlaine : pas de
prostituées, pas d’absinthe, pas d’opium… Mais par contre, usez et abusez des pensées raffinées d'extrême civilisation, de la haute culture
littéraire – en un mot
poétisez sans restriction votre vie, élancez-vous vers la cime du Parnasse,
jusqu’à ce que votre élan se brise contre le roc et que, comme Icare, vous vous
perdiez dans une chute vertigineuse…
L’originalité
vient de ce qu’au le plus haut degré de raffinement, coïncide la plus radicale
décadence.
Echapper à
la décadence morbide par une décadence « civilisatrice » :
pourquoi pas, après tout ?
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