La servitude abaisse les hommes jusqu'à s'en faire aimer.
Vauvenargues
– Réflexions et maxime
«Amina akbar, Marguerite akbar, Pauline akbar, Joséphine
akbar »
Phrase scandée par les
Femen, à genoux, simulant une prière devant l’ambassade de Tunisie le 5 juin
2013
Spécial archives –
On sait que Sacher Masoch est célèbre pour avoir
mis en scène un personnage qui jouit de sa servitude et de l’humiliation qui en
est la conséquence (1). Même si on ne se laisse pas tenter par la perversion du
masochisme, on peut quand même constater que l’esclavage peut être admis comme
une réalité contre laquelle on ne se rebelle pas toujours, et que peut-être la
plus grande partie de l’humanité a vécu en servitude sans jamais protester – qu’elle s’ y soit résignée ou bien même qu’elle
y ait trouvé une forme de sécurité.
On devrait alors dire
non pas que les hommes haïssent la servitude, mais bien qu’ils devraient la haïr – Autrement dit que
lorsqu’ils la supportent c’est parce qu’ils sont dénaturés (2).
Seulement voilà :
lors des journées qui cet hiver [2010] ont embrasé la Tunisie et l’Egypte, on a
vu des hommes, qui jusque-là semblaient se soucier moins de leur liberté que de
leur survie, se dresser contre le tyran, faire déguerpir les dictateurs
stupéfaits, eux qui depuis 30 ans vivaient sans souci dans leur palais.
… Voilà : j’ai écrit ce commentaire de Vauvenargues en
février 2010, et puis je ne l’ai pas publié – je l’avais même totalement oublié.
Je le retrouve maintenant, et que vois-je ? Que le Printemps arabe portait
dans ses flancs l’Islamisme plus ou moins radical, et que ces fiers héros de la
liberté, qu’on croyait émules des sans culottes de 89, sont à plat ventre
devant les Imams.
J’y ai simplement ajouté cette image où les Femen
apparaissent dans la position de la prière
musulmane, revendiquant il y a quelques jours pour leurs consœurs
tunisiennes l’égalité des droits dont les femmes sont privées en terre d’Islam.
Que dis-je « en terre d’Islam » ?
C’est bel et bien de la Tunisie qu’il faut parler – ce pays qui le premier a
chassé le tyran parasite et qui s’est réclamé des « lumières »
européennes.
---------------------------------------------
(1) Voir La Vénus à la
fourrure (dont une « adaptation » ciné par Polanski a été
présentée à Cannes récemment)
(2) « Tout homme né dans l’esclavage naît pour
l’esclavage, rien n’est plus certain. Les esclaves perdent tout dans leurs
fers, jusqu’au désir d’en sortir ; ils aiment leur servitude comme les
compagnons d’Ulysse aimaient leur abrutissement. S’il y a donc des esclaves par
nature, c’est parce qu’il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait
les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués. » Rousseau – Du
contrat social (livre 1, chapitre 2)
No comments:
Post a Comment