Nous engraissons toutes les autres créatures pour nous
engraisser ; et nous nous engraissons nous-mêmes pour les vers. Le roi gras et
le mendiant maigre ne sont que variété dans le menu : deux plats pour la
même table.
Shakespeare – Hamlet
Voilà le soleil de retour, le printemps est à son plus
beau rayonnement, et les vacances se profilent à un proche horizon. Séance
d’essayage de maillots, et constat affligé : bedaine croulante, nichons
qui débordent du soutif, peau d’orange un peu partout…
Vite ! il faut maigrir. Et si les régimes dissociés
ne vous réussissent plus, si les menus hypocaloriques vous rendent dépressif,
alors il est temps de lire Shakespeare : devant la pâtisserie au chocolat
qui vous fait chavirer, dites-vous que les vers qui vont vous bouffer post mortem vont eux aussi bien
l’apprécier.
--> Sûr que, vu comme ça, les mets les plus recherchés
nous paraitront dégoutants et que nous allons repousser notre assiette encore
pleine.
Oui, c’est vrai nous
nous engraissons nous-mêmes pour les vers : c’est ainsi qu’au 17ème
siècle, époque où la contreréforme cultivait l’angoisse de la mort prochaine,
on prétendait que le mot latin signifiant cadavre – cadaver, était une sorte d’acrostiche pour caro data vermibus : chair
destinée aux vers. Pour ceux qui n’auraient pas encore compris, on ajoutait un
peu à la mode shakespearienne : Tu
manges pour nourrir les vers qui te mangeront.
Il y a des petits malins qui diront que les vers ne
pourront pas les croquer parce qu’ils vont se faire incinérer. Est-ce bien
sérieux ? Outre le bilan carbone désastreux de cette opération, qu’ils
songent que leur dernière utilité est de revenir dans le cycle de la nature en prenant
à leur tour place dans la chaine alimentaire.
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