Wednesday, June 26, 2013

Citation du 27 juin 2013



Ce n’était qu’un début. Là où on brûle / des livres, on finit par brûler des hommes.
Heinrich Heine – Almansor (1821)
Dans la tragédie Almansor, parue en 1821, Heine s'intéresse pour la première fois, de façon détaillée, à la culture islamique en Andalousie mauresque, qu'il a célébrée, toujours et encore, et dont il a déploré la disparition, dans de nombreux poèmes. (Wikipédia)
C’était l’époque où les musulmans ne se chargeaient pas de brûler eux-mêmes leurs propres livres – ça va faire ricaner les islamophobes : « Voilà toute la différence entre autrefois et maintenant » diront-ils.
Laissons-les ricaner et intéressons-nous à cette étrange pratique, attestée depuis longtemps, sous le nom d’autodafé, et repris dans le film de Truffaut Fahrenheit 451.
Le feu est l’instrument d’un supplice, mais notons que les romains qui ont martyrisé les premiers chrétiens ne les ont pas mis sur le bûcher. Le feu a une autre fonction que la simple destruction : il est purificateur. Il faut donc supposer que les livres que l’on brûle ont souillé le monde, qu’ils l’ont pollué, et qu’ils ont profané jusqu’au sanctuaire de notre âme avec les pensées impies (1).
Il ne suffisait donc pas de les tenir enfermés, comme dans l’Enfer de la B.N.F. ?
S’il faut les brûler, c’est qu’on croit au pouvoir des mots qu’ils contiennent, pouvoir magique puisque leur simple trace sur le papier agit comme une figure cabalistique.
On comprend donc que les autodafés de livres sont œuvre de censeurs gothiques, enfoncés dans l’obscurité de leur moyen-âge.
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(1) A noter que bien sûr on ne brûle pas que les livres : il y a aussi les œuvres d’art que l’on brûle ou du moins que l’on détruit.

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