Je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu'un terroriste.
Chateaubriand –
Mémoires d'outre-tombe (t.1) - 1809-1841
Nous devrions
être toujours attentifs à la date de composition des textes que nous lisons.
Ainsi de ce passage des Mémoires
d’outre-tombe (texte en Annexe) dont on se doute qu’il a été rédigé au début du 19ème siècle. De
plus, puisqu’il s’agit d’une réflexion concernant les sans-culottes, on en
arrive à cette définition du terrorisme :
A. – HIST.
Politique de terreur pratiquée pendant la Révolution française.
- Définition par rapport à laquelle le sens actuel est
dérivé :
B – Ensemble des actes de violence qu'une organisation
politique exécute dans le but de désorganiser la société existante et de créer
un climat d'insécurité tel que la prise du pouvoir soit possible. (TLF)
Mais il nous reste encore un problème de définition :
On peut envisager le terroriste comme celui qui réalise des meurtres de propagande. Les
sans-culottes décapitaient les ci-devant aristos, et surtout ils promenaient
dans Paris leur tête au bout d’une pique : voilà ce que rapporte Chateaubriand
quand il parle de terroriste.
Mais aujourd’hui on passe à l’opposé dans le domaine de
la terreur : il ne s’agit plus de faire un exemple en tuant un profiteur
et un affameur, mais au contraire d’assassiner le plus innocent et le plus
insignifiant des hommes pour que tous les autres se disent : « si lui
a été victime, alors je ne suis pas à l’abri. »
Toutefois, le plus important problème n’est pas celui de
la définition : il est dans l’évaluation. Peut-on dire que le terroriste
des uns soit le héros des autres ? Et même pour nous, nos résistants
durant l’occupation allemande n’étaient-ils pas les terroristes pour ces mêmes
occupants ?
On haussera les épaules avec dégoût – oui, mais on sait
bien que là est l’argument des terroristes que nous arrêtons chez nous :
ils nous disent « nous sommes comme vos résistants ; vous êtes comme
la Gestapo ».
Voilà encore ce bon vieux relativisme, comme celui de
Claus Barbie qui, au début de son procès à Lyon, disait : « si nous
avions gagné la guerre rien de ce que nous avons fait n’aurait été
criminel. »
Rien ne sert de méditer sur le fondement des
valeurs : il faut choisir son camp.
----------------------------------
Annexe :
« La Révolution m'aurait entraîné, si elle n'eût débuté
par des crimes : je vis la première tête portée au bout d'une pique, et je
reculai. Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d'admiration et un
argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable,
de plus lâche, de plus borné qu'un terroriste. N'ai-je pas rencontré en France
toute cette race de Brutus au service de César et de sa police ? Les niveleurs,
régénérateurs, égorgeurs, étaient transformés en valets, espions, sycophantes,
et moins naturellement encore en ducs, comtes et barons : quel moyen âge ! » Première
partie, livre quatrième, chap.14
No comments:
Post a Comment