On ne peut pas faire l’amour du matin au soir. C’est bien
pour cela qu’on a inventé le travail.
François Truffaut –
L’homme qui aimait les femmes (dialogue du film)
Tantôt nous travaillons, tantôt nous jouissons :
banalité ! Opposer la sexualité et le travail n’est pas une
nouveauté : Freud en avait fait son cheval de bataille théorique.
Seulement d’habitude on affirme que le travail vient
parasiter la libido, prélever son énergie pour produire, à des fins
utilitaires, ce qui n’avait à l’origine qu’une fin jouissive. Il y a un conflit
et un rapport de domination entre ces deux domaines d’action.
- Et voilà qu’ici, on affirme au contraire que le travail
n’est qu’un dérivatif pour nous distraire : faire l’amour du matin au soir
– quel ennui ! inversons les valeurs : c’est le sexe qui nous ennuie
et le travail qui nous délasse.
On nous dira qu’il ne faut pas accorder d’importance à
une réplique de film, parce que ce n’est pas très sérieux : le labeur n’a
pas spécialement pour effet de nous distraire mais plutôt d’épuiser nos forces
au point que la seule urgence que nous ressentons est le repos.
… Mais si, malgré tout quelque chose de très important se
disait là ? Si on considérait quand même que le travail c’est parfois
autre chose que l’épuisement de nos forces. Et que, du coup, ce ne soit que
grâce à lui que nous parvenions à nous évader de nous-mêmes – je veux dire à
nous hisser au-dessus de notre réalité immédiate ? Que ce ne soit qu’à
condition de nous détourner de la recherche de jouissance en nous lançant dans
la difficile conquête de la création et de l’invention ? La sublimation
artistique est là pour nous en convaincre et c’est là que se trouve notre
vérité humaine.
Maintenant revenons à l’amour sexuel : le véritable
séducteur – Don Juan – n’est pas un obsédé lubrique. Ce qu’il recherche, c’est
la capture, pas la consommation qui n’est là que pour attester sa victoire.
Comme disait Pascal, il aime mieux la chasse que la prise.
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