Tuesday, October 15, 2013

Citation du 16 octobre 2013


Les compartiments non-fumeurs sont toujours moins garnis que les autres: un ascétisme même inférieur procure de l'espace aux hommes. Lorsque nous vivons en saints, l'infini nous tient compagnie.
Ernst Jünger – Jardins et routes (1942)

Lorsque nous vivons en saints, l'infini nous tient compagnie… Quelle belle formule ! Admettez qu’elle est un peu gâchée par l’exemple qui lui sert d’illustration, mais je n’ai pas voulu l’en isoler : l’important est de comprendre que la solitude de l’ascète commence très tôt – ou très bas. Là où nos contemporains répugnent d’aller, là est le lieu où se situe l’infini des saints.
Remarquons d’abord que cette solitude est secondaire, qu’elle est un effet latéral de l’ascétisme : la foule ne se bouscule que pour la jouissance, elle fuit les privations. Mais remarquons également que l’ascétisme n’est jamais qu’un moyen pour entrer dans cet infini de la spiritualité. C’est lui qui va nous intéresser ici.
- Quel est donc l’infini qui tient compagnie aux saints ? La réponse est évidente : c’est l’infini divin.
Et donc on en tire la conséquence : c’est dans la solitude que le saint entre en tête à tête avec Dieu. Le profane s’impose dans la foule – que dis-je ! même pas dans la foule : dans le tête-à-tête avec l’autre-qui-n’est-pas-Dieu. On peut d’ailleurs le vérifier dans l’histoire sainte : c’est dans le désert que les premiers moines ont rencontré Dieu : c’est pour cela qu’ils se sont faits ermites.
Oui, mais voilà : il y a sans doute plusieurs façons de rencontrer Dieu et beaucoup ont voulu le rencontrer dans leur prochain. Ils se sont sanctifiés en aidant les plus pauvres, voire même en soignant les pestiférés.
Mais plus original : saint François d’Assise a su retrouver Dieu au contact les oiseaux du ciel – ainsi Giotto  nous le montre prêchant aux oiseaux.


N.B. Non, Saint François ne donne pas de graines aux pigeons : il leur parle. Que leur dit-il ? Pour le savoir, le mieux est encore d’écouter Liszt.

No comments: