Philippe, déjà vieux, raffine sur la propreté et sur la
mollesse, il passe aux petites délicatesses
La Bruyère –
Caractères XI
Achmet déclare qu'il aime mieux périr de froid dehors que
de dormir dans la malpropreté de ce bouge.
Pierre Loti –
Aziyadé (1879)
Exhorte-les à la propreté, qui est l'image de la netteté
de l'âme
Montesquieu – Lettres
persanes. 2
Les ambigüités de la propreté apparaissent facilement dès
qu’on recense les citations qui l’impliquent:
1 – La propreté comme petite
délicatesse, dès lors qu’elle est en excès ? Oui, mais comment définir
l’excès de propreté ? Quand donc est-on « trop propre » ?
Quand on se lave 50 fois par jour les mains, comme l’obsessionnel
compulsif ? ou alors quand on change de culotte tous les jours ?
--> Là, ça y est : vous avez sursauté en lisant
qu’on pourrait considérer cette précaution comme excessive. Vous êtes donc prêt
pour la rubrique suivante :
2 – La propreté comme tabou – ou plutôt la malpropreté
comme tabou, ce qui est mieux dit : périr
de froid dehors [plutôt] que de dormir dans la malpropreté de ce bouge. Tel
est l’une des causes de l’isolement des SDF : leur crasse – et leurs odeurs
corporelles – fait que certains Restos du
cœur sont obligés d’organiser pour eux une distribution séparée.
Une anecdote au passage : Sartre raconte à Simone de
Beauvoir dans ses Lettres au Castor
(alors qu’il est cantonné en Alsace pendant la « drôle de guerre »,
et déjà écrivain célèbre), qu’il passe ses journées à écrire, sans se raser,
sans se laver, pour tenir à distance tous les importuns qui l’empêcheraient de
travailler à son œuvre. Au point qu’un gradé qui passe par là s’écarte de lui
en disant : « Les écrivains, il vaut mieux les lire que les
voir. »
On sent ( !) que la propreté va plus loin que la
simple hygiène : elle implique quelque chose comme une propreté
morale :
3 – La propreté,
est l'image de la netteté de l'âme, elle contribue à réaliser ce que le
fidèle doit être pour se tourner vers son Dieu. Les ablutions sont des rituels
religieux extrêmement détaillés et rigoureux, qu’on ne peut se dispenser de faire,
même quand l’eau devient rare comme dans les déserts.
o-o-o-o
… Allez, c’est dimanche, jour du bain : n’oubliez
pas votre petit canard !
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