Immigrant. Individu mal informé qui pense qu'un pays est meilleur qu'un autre.
Ambrose Bierce – Le
dictionnaire du Diable
[Votre voisine a
une femme de ménage arménienne, qui se vante d’avoir été ingénieure chimiste
dans son pays ? Sur le chantier en face, les maçons parlent une langue
bizarre – sans doute du Kosovar ?
N’hésitez pas !
Téléphonez à la Préfecture, service des étrangers sans
papiers.
Vous serez
peut-être lauréat du
Grand concours national et patriotique
Le
Manuel-Valls-Award,
Doté d’un magnifique 1er prix:
un smartphone avec une touche pour appeler
directement
le service des étrangers en situation
irrégulière]
o-o-o
Encore une citation d’Ambrose Bierce : voici l’immigrant,
considéré comme un pauvre naïf qui croit (par exemple) au rêve américain.
Ambrose Bierce était lui-même mal informé – ou du moins
son époque était riche de rêves non dissipés : il imagine en effet que les
migrants sont animés d’on ne sait quel rêve où la vie qui les attends dans leur
futur pays serait celle des élites dorées qu’on voit sur les affiches de
tourisme.
Mais la réalité est bien loin de tout ça : par exemple,
les Roms le disent on ne peut plus clairement : mendiant ils étaient,
mendiants ils resteront. Simplement, mendier en France rapporte beaucoup plus
que mendier en Roumanie (1).
Voilà une banalité bien indigne de ce remarquable Blog –
tentons donc de donner un sens qui rampe un peu moins.
Quelques différences entre un pays pauvre et un pays
riche ; ou, si l’on veut, entre un pays que les pauvres fuient et les autres
pays où ils tentent d’aller :
1 – Les
pauvres dans un pays riche gagnent plus que les pauvres dans un pays pauvre.
Evident. Sauf que ça coute beaucoup plus cher aux pauvres qu’aux riches de
vivre dans un tel pays. C’est du moins ce que démontre Martin Hirsch dans son
récent livre Cela devient cher d’être pauvre.
2 – Si
les pauvres sont les faibles, les opprimés, ceux qui se trouvent en bas de
l’échelle, alors il n’y a sans doute pas grande différence entre la pauvreté
vécue dans tel pays et dans tel autre – à moins de cumuler les handicaps, comme
d’être pauvre et en plus être Rom en
Roumanie ! (2)
3 – Enfin, il n’y a pas que la richesse et la pauvreté
pour fuir son pays : il y a la vie et la mort. Ceux qui fuient leur pays
pour sauver leur peau, ceux-là vont forcément trouver mieux ailleurs – à
condition bien sûr qu’on ne cherche pas à leur nuire.
Mais qu’ils ne viennent pas chercher fortune en plus de
la vie sauve !
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(1) J’en entends qui murmurent entre leurs dents :
« Voler en France, ça rapporte aussi plus que voler en Roumanie ».
Ceux-là, je les inscris d’office au concours Manuel-Valls- Award.
(2) J’en ai encore entendu un qui a murmuré :
« … et en France aussi ». Décidément il va y avoir du monde au Concours Manuel Valls.
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