Y’a que les routes qui sont belles / Et peu importe où elles mènent
J.J. Goldman – On ira
Hier, l’autoroute
était un lieu d’ennui qu’il fallait utiliser pour se donner de la culture. Mais
aujourd’hui, nous allons rectifier le tir : l’autoroute, c’est aussi ce
qui permet de voyager - et ce qui compte, c’est le voyage et lui seul. Mieux,
même : comme Kerouac, l’éternel routard, nous l’a appris, ce n’est pas
l’arrivée qui compte, ni le lieu où l’on va – l’important, c’est de laisser
tomber les chaines qui nous emprisonnaient et de partir sans savoir où.
D’ailleurs, même en sachant vers où l’on va on peut encore espérer ne jamais y
arriver.
C’est exactement
ce que chante J.J. Goldman (1) : en partant sans retour, nous n’avons, pour paraphraser Marx, que nos chaines à perdre. L’important est de ne jamais
s’attacher : like a rolling stone,
roulons, roulons…
Dans sa préface à
La Condition de l’homme moderne,
Hannah Arendt se dit stupéfaite d’une déclaration de quelques jeunes gens
disant qu’ils seraient prêts à quitter la terre pour aller s’installer dans une
base lunaire ou martienne – quelque chose comme ça. Selon Arendt, l’attachement
à la terre où l’on vit est nourricier de l’homme : on ne peut vivre qu’à
condition d’habiter la terre qui nous a vu naitre. Comment alors admettre de la
quitter pour un lieu inhumain, où l’on vivrait sans retour ?
Faut-il donc
s’imaginer comme dans la série Star Trek naviguant dans la galaxie à la
recherche d’autres être intelligents avec qui se battre ou avec qui s’allier pour
faire régner la justice ?
--> Goldman,
Dylan, Star Trek : que des exemples des années 60-80. C’est
qu’aujourd’hui, où sont les jeunes qui chanteraient On laissera nos clés, nos cartes et nos codes / Prisons pour nous
retenir ?
Ah… Mes pauvres enfants… Dites-moi : où sont
les jeunes ?
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(1) Qu’on lise
les paroles de On ira : on
comprendra assez bien l’impact de ce chanteur sur la jeunesse de l’époque
(années 80). A ce propos une anecdote : en ces années-là les lycéennes
(filles de terminale littéraire) avaient la manie d’écrire sur leur classeur
des citations qui leur étaient chères. Celles trouvées dans les chansons de
Goldman étaient les plus nombreuses.
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