L’antisémitisme
n’entre pas dans la catégorie de pensée que protège le Droit de libre opinion.
Jean-Paul Sartre - Réflexions sur la question
juive
La liberté d’expression est aujourd’hui encore au centre
d’un débat très engagé entre ceux qui soutiennent que le spectacle de l’Humoriste
Dieudonné doit avoir lieu, et ceux qui, comme le ministre de l’Intérieur,
souhaitent l’interdire.
J’avais il y a maintenant presque 8 ans abordé la question
avec le commentaire de cette phrase de Sartre, l’une des plus connue de ce petit
livre. Je me bornerai à conseiller de s’y reporter pour ce qui est de la notion
d’opinion – et d’opinion raciste ou antisémite en particulier.
Par contre il est un point qui fait débat plus particulièrement
aujourd’hui : c’est la notion de liberté – et en particulier de liberté d’expression,
que certains souhaitent voir reconnue indépendamment du contenu exprimé.
C’est un peu comme si on disait que la liberté ne
supporte pas les limites, que (comme le disait Bakounine) le méchant petit
placard interdit à la femme de Barbe-Bleue était le lieu où gisait toute sa
liberté, justement parce qu’il lui était interdit. Qu’importait le vaste château
avec sa salle de bal et son parc immense ? C’est dans ce réduit minuscule
qu’elle devait entrer pour être libre.
Entendre un homme dire publiquement que les chambres à
gaz ont été fermées trop tôt parce qu’il y a encore du monde (qui s’appelle
Cohen) qui devrait y passer : voilà – c’est dans cette petite phrase que
se trouve toute la liberté de certains citoyens français.
Et les dits-citoyens de manifester au cri de Liberté d’expression !
Et les citoyens (toujours les mêmes) de crier contre le « système » qui en interdit
la formulation publique.
Voilà des gens qui sont « anti-système » et qui
tentent de sauver leur pauvre quenelle
comme manifestation de leur volonté de libération.
Sans penser que ceux qui autoriseraient cette liberté de
vouer les juifs aux chambres gaz seraient au service d’un autre système – qu’on
ne préfère pas voir revenir.
o-o-o
Maintenant quant à
ceux qui, d’accord sur le principe de poursuivre de tels propos, s’opposent
pourtant à l’interdiction a priori de
ces spectacles, je pense qu’on a là affaire à une nouvelle opposition entre l’éthique de la responsabilité et de l’éthique
de la conviction (voir ici).
-->Autant dire que le débat n’est pas près d’être clôt
et qu’il nous faudra choisir notre camp bien avant – c’est-à-dire maintenant !
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