Il semble que de toutes parts la civilisation bourgeoise
se trouve plus inexorablement condamnée du fait de son manque absolu de
justification poétique.
André Breton –
Position politique de l'art d'aujourd'hui (1935)
80 ans après que Breton ait prononcé cette prophétie, une
douloureuse crispation nous prend en la lisant.
Car, oui : la civilisation bourgeoise est absolument
dénuée de justification poétique, 80 ans d’histoire l’ont abondamment confirmé.
Mais hélas non ! La
civilisation bourgeoise n’en a pas du tout été inexorablement condamnée.
On dirait même que son universel triomphe signifie que
les autres civilisations – celles qui pourraient avoir eu une justification
poétique (pensons aux mythes fondateurs) – ont bel et bien succombé à cause de
cela devant la société marchande. Il semble d’ailleurs que les poètes se soient
depuis résignés à vivre dans leur tour d’ivoire, à admettre qu’ils ne peuvent
survivre qu’isolés de la réalité.
Bien sûr mes lecteurs-attentifs doivent hocher la
tête : certains cas d’agitation sociale ne relèvent-ils pas de la totale
irrationalité, ou plutôt d’une autre rationalité que la rationalité marchande de
la société bourgeoise. Ne serait-ce pas là une preuve que des poètes sont encore
aujourd’hui à l’œuvre ?
--> Voyez par exemple ces ouvriers de l’usine
Goodyear-Amiens – ceux qui ont séquestrés deux cadres de l’entreprise pendant plus
de 24 heures – leurs propos consistent à dire qu’en tant que travailleurs de
l’usine, ils ont des droits qui l’emportent sur ceux des propriétaires-actionnaires.
Ne sont-ils pas les poètes du 21ème siècle ? En tout cas,
Maurice Taylor, le patron du groupe Titan qui est en négociation pour racheter
l’usine ne s’y est pas trompé, lui : « L'entreprise n'appartient pas aux ouvriers » rappelle-t-il. Et
d’inviter ces rêveurs à redevenir « adultes »
et à se ranger aux règles de « l’Etat
de droit ».
Oui, mes chers lecteurs, les poètes restent parmi nous,
tapis dans le retrait de l’utopie ; ce sont eux qui réclament la justice
sociale, fut-ce au prix du sacrifice de l’Euro. Et qui prétendent que le
travail donne des droits sur le capital. Et eux qui croient, comme Léo Ferré, que demain Nous aurons du pain / Doré comme les filles
/ Sous les soleils d’or……
2 comments:
poète est chez vous aussi mais il est vrai que votre mot me touche car tout fout le camp la parole , le verbe disparait de plus en plus... je suis passée sur scène avec deux beaux textes dans mon nouveau concept la voix verticale je me suis fait flinguée par 40 conteurs.
On ne supporte pas qu'à l'auteur soit aussi interprété et qu'il est du talent comme c'est triste eux qui sont conteurs sans jamais avoir pris le risque de n'être que çà.
évidemment en me reconnaissant
il se gomme eux et ce qui conte c'est l'expression Bourgeois et le nombre écrase l'isolée..
mais ils n'ont pas tuer les mots sur en moi et le regard sur le monde d'aujourd'hui n’importe beaucoup comme vous et votre lumière des événements de chaque jour le monde va si mal qu'il faut muscler les conscience chacun a sa manière et vous imaginez ma joie quand j'ai lu votre commentaire sur le Paris Brest.
622828448 2230
Un seul sage comme Socrate avait raison de tous le sophistes qui le contredisaient : il ne suffit pas d'être 40 à dire la même chose pour avoir raison si ce qu'on profère sont des insanités.
Je vous embrasse, Chère Frankie, et dites-vous que tant qu'on est capable d'analyser les choses comme vous le faites, c'est qu'on domine la situation.
J-P
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