La grâce, précisément parce qu’elle est donnée gratuitement, exclut toute idée de dette. […] Ni dans l’un ni dans l’autre sens, nous ne pouvons dire que Dieu se trouve obligé à l’égard de la créature.
Thomas d’Aquin –
Somme théologique 1a-2ae questions 109-114
La transcendance a quand même du bon ! S’il y a
quelqu’un à qui nous ne devons rien,
c’est bien à Dieu.
--> C’est du moins ce que je crois comprendre de la
formule : Ni dans l’un ni dans
l’autre sens ; si Dieu ne nous doit rien, nous ne lui devons rien non
plus.
Voudra-t-on le contester ? Alors il faudra dire que
quelque chose manquerait à Dieu, et voilà que
nous, chétives créatures, pourrions la compenser ? Mais une telle
idée est de l’orgueil pur et simple. Même le péché n’est pas une dette car, si
c’en était une nous pourrions nous racheter. Nous sommes là en pleine théologie
janséniste : nos actes nous rendent seulement dignes d’être sauvés ; mais pour l’être il nous faut en plus
bénéficier de la grâce divine.
Réciproquement, voilà l’humiliation infligée par la
charité. Je veux parler non de cette vertu théologale, qui est pur amour, mais
de cette obole que le riche accorde au mendiant. Ce faisant, il manifeste son
pouvoir de donner qui enfonce le pauvre dans son impuissance à rendre.
Seul l’échange est égalitaire ; l’échange et la
dette qui n’est autre qu’un échange différé.
Ça
y est ! On y arrive ! Le pays endetté qui fait banqueroute se désigne
lui-même comme n’appartenant plus au même monde que celui de ses créanciers.
Celui qui ne peut plus rembourser ses dettes est dans la position du mendiant
qui ne pourra jamais rembourser celui qui lui fait l’aumône – car celui-ci est
trop puissant pour lui. Dieu vous le rendra dit-il, façon de dire que cet homme
est l’égal de Dieu sur terre.
o-o-o
La suite à demain… si vous voulez bien !
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