Rien de nos actions ne peut être anéanti, justes ou injustes. Le temps même, père de toutes choses, ne saurait faire qu'elles n'aient pas été accomplies.
Pindare – Deuxième
Olympique, 17-19
Si le poète souvent se plaint de la fugacité des choses
temporelles : « Ô temps, suspend ton vol ! », Pindare par
contre souligne qu’on ne peut les effacer.
Ce qui est donné ici comme une limite du pouvoir du temps
est souvent présenté comme une limite du pouvoir des hommes : ne pas
pouvoir revenir en arrière pour faire que ce qui a été ne soit plus...
C’est justement cette aspect que souligne le moraliste : « Si
seulement je pouvais effacer l’acte – la faute – que j’ai commise ! la
trace de sang sur la petite clé de Barbe-Bleue… ». Mais il ne sert à rien
de frotter la tâche : car rien ne saurait faire qu'elle n'ait pas été accomplie.
Et rien ne saurait faire non plus qu’elle cesse d'être une faute.
Mais alors, à quoi bon la morale si elle ne peut nous permettre
de nous racheter ? Car, pour que la morale soit possible, il faut
surmonter la faute. Il faut une rémission des péchés.
En bref, il faut le pardon.
Le caractère définitif de la faute a pour corrélat le
pardon. Mais attention ! Pas plus que la trace de sang, le pardon n’efface
la faute commise. Il n’est ni un blanchiment, ni un oubli. Il est la
contrepartie de l’amour : « Oui, tu m’as trahi et à tout jamais cette
faute restera. Mais elle ne restera pas entre
nous. L’amour que je te porte la considère comme étrangère à la vie que je
veux toujours mener avec toi. »
C’est ainsi que Dieu pardonne à ses créatures, et il lui
faut beaucoup d’amour pour y arriver. Si le temps pouvait effacer les péchés,
alors Dieu pourrait prendre sa retraite.
A remarquer que la (seule ?) philosophie qui met les
Dieux en retraite, je veux dire l’Epicurisme, rejette aussi la notion de péché.
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