Friday, January 10, 2014

Citation du 11 janvier 2014


Rien de nos actions ne peut être anéanti, justes ou injustes. Le temps même, père de toutes choses, ne saurait faire qu'elles n'aient pas été accomplies.
Pindare – Deuxième Olympique, 17-19
Si le poète souvent se plaint de la fugacité des choses temporelles : « Ô temps, suspend ton vol ! », Pindare par contre souligne qu’on ne peut les effacer.
Ce qui est donné ici comme une limite du pouvoir du temps est souvent présenté comme une limite du pouvoir des hommes : ne pas pouvoir revenir en arrière pour faire que ce qui a été ne soit plus...
C’est justement cette aspect que souligne le moraliste : « Si seulement je pouvais effacer l’acte – la faute – que j’ai commise ! la trace de sang sur la petite clé de Barbe-Bleue… ». Mais il ne sert à rien de frotter la tâche : car rien ne saurait faire qu'elle n'ait pas été accomplie. Et rien ne saurait faire non plus qu’elle cesse d'être une faute.
Mais alors, à quoi bon la morale si elle ne peut nous permettre de nous racheter ? Car, pour que la morale soit possible, il faut surmonter la faute. Il faut une rémission des péchés.
En bref, il faut le pardon.
Le caractère définitif de la faute a pour corrélat le pardon. Mais attention ! Pas plus que la trace de sang, le pardon n’efface la faute commise. Il n’est ni un blanchiment, ni un oubli. Il est la contrepartie de l’amour : « Oui, tu m’as trahi et à tout jamais cette faute restera. Mais elle ne restera pas entre nous. L’amour que je te porte la considère comme étrangère à la vie que je veux toujours mener avec toi. »
C’est ainsi que Dieu pardonne à ses créatures, et il lui faut beaucoup d’amour pour y arriver. Si le temps pouvait effacer les péchés, alors Dieu pourrait prendre sa retraite.
A remarquer que la (seule ?) philosophie qui met les Dieux en retraite, je veux dire l’Epicurisme, rejette aussi la notion de péché.

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