Thursday, February 12, 2015

Citation du 13 février 2015

¡Vivan las cadenas! (Vivent les chaines)
Slogan des royalistes espagnols de 1814
Spécial Saint-Valentin. I
¡Vivan las cadenas ! Terrible exclamation, que pourtant les amoureux de l’an 2000 reprennent hardiment lorsqu’ils accrochent leurs Cadenas d’amour sur le Pont des Arts (du coup le parapet est tombé à l’eau sous leur poids – Voir ici)

Comment assimiler l’amour à ce symbole d’enfermement et de privation de liberté ?
o-o-o
           
            Chères Valentines, chers Valentins,
offrirez-vous demain à votre Valentin(e) un tel cadenas (même enjolivé comme on sait le faire) ? Comment exprimer votre amour s’il doit être un enfermement, même consenti – et même si c’est un enfermement à deux? Songez que, si vous avez juré un amour indéfectible aujourd’hui, il se peut que vous cherchiez à vous en défaire demain. Où est donc passée la clé de ce cadenas ? L’avez-vous jetée à la Seine dès que refermé ?

Alors c’est vrai : Sartre a écrit que l’amour était le désir de posséder la liberté de l’autre : « c'est de la liberté d'autrui en tant que telle que nous voulons nous emparer » (Etre et Néant, p.416 – Lire cet extrait ici)
Mais lorsqu’il écrit ça, Sartre ajoute  immédiatement: « (L’amant) veut posséder une liberté comme liberté » : ce qui implique qu’à chaque instant ce serment d’allégeance se délie pour se refaire aussitôt.
Ainsi, cheres Valentines et chers Valentins, si vous mettez un cadenas sur le pont des Arts pour symboliser votre amour, laissez la clé sur la serrure pour être prèt à le retirer à tout moment afin de le remettre en place aussitôt. C’est un peu fatiguant à la longue, mais c’est le seul moyen de préserver votre amour… et la solidité du Pont.
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Faut-il le dire ? Certains ont voulu voir dans le cadenas d’amour non un symbole mais une technique érotique, qu’ils ont sans vergogne attribuée au Kama-Sutra. Je n’en crois pas un mot : jugez parvous-même si cette position qui requiert l’usage d’une machine à laver est digne de ce vénérable ouvrage.

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