Saturday, February 21, 2015

Citation du 22 février 2015

Sire ne vous affligez donc point : vous allez tomber malade ! de toute façon, le déluge ce sera après nous…
La Pompadour
Le site dicoperso rapporte ce propos :
« Mlle Marie Fel chanteuse de l'Opéra rapporte cette anecdote : « (Le peintre Quentin de la Tour) m’a raconté que peignant Mme de Pompadour, le roy, après l'affaire de Rossbach, arriva fort triste, elle luy dit : qu'il ne falloit point qu'il s'affligeat qu'il tomberoit malade, qu'au reste après eux le déluge. »


Après nous le déluge ! Au fond, cette étrange exclamation est devenue pour nous quelque chose qu’il faut prendre au premier degré. Oui, après nous ce sera le déluge, non pas celui de la Bible, mais celui du déferlement des dérèglements climatiques et de la montée des eaux. Mais, que nous importe ? Tant que nous aurons de la neige pour skier en hiver et des plages de sable blond pour nous prélasser en été, qu’importent des ours blancs ?

J’ai égaré le nom des auteurs de cette image. Qu’ils veuillent bien m’en excuser…
On est saisi d’horreur devant un tel cynisme, mais il peut aussi nous servir d’étalon pour débusquer la déshonorante indifférence de ceux qui pillent les ressources naturelles, que ce soient les exploiteurs de gaz de schistes ou les usagers des ressources de la Planète. (2)
Au nom de quoi devrions nous nous soucier de cela ? Si, comme le suggère notre Citation-du-Jour, ce ne sont pas nous, ni nos concitoyens qui en souffriront mais bien plutôt les générations à venir, que nous importe ? Qui donc nous a confié la charge de veiller aux intérêts de l’avenir, quand ce serait au détriment de notre présent ?
Il a fallu quand même Hans Jonas et son Principe-responsabilité pour nous rappeler que l’éthique devait prendre en considération le futur et non un présent indistinct : alors que le rigorisme kantien nous enjoint de considérer les hommes comme une valeur en soi (donc jamais soumise à une fin par rapport à la quelle elle serait un moyen), il ne nous dit jamais pourtant qu’il faut penser aux générations à venir. Se soucier de l’homme que je croise dans la rue suffit bien ! De même, silence total à l’égard de la nature (3).
Pour Jonas, nous avons bien sûr des devoirs à l’égard de nos semblables, mais nous en avons aussi à l’égard de la nature. Il faut songer à nos enfants et aux enfants de nos enfants. Mais cela ne suffit pas : nous devons aussi avoir le souci de tout ce qui existe, car « tout de qui existe mérite d’exister ».
Même les ours blancs.
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(1)  Le mot : « Après nous le déluge ! » ne serait qu'une variante de « Après moi la fin du monde ! » attribué à Euripide.
(2) Au fait, j’espère que vous fermez bien le robinet pendant que vous vous lavez les dents ?

(3) Kant dit même quelque part que nous pouvons user des animaux comme si c’étaient des choses.

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