Le meilleur
rempart contre les mauvaises lois consiste à leur faire de la publicité.
Robert Sabatier – Le livre de la déraison
souriante (1991)
Faire la
publicité des lois (1) : l’idée est sans cesse vérifiée par la
lecture des journaux qui rapportent les débats de l’Assemblée Nationale :
on y trouve décortiqués et critiqués les projets de lois, afin d’en révéler les
tenants et les aboutissants. Ainsi de l’amendement sur le secret des affaires, qui est apparu liberticide pour la liberté
d’informer – ce que le rapporteur du projet avait minoré par rapport à la
protection des entreprises contre l’espionnage industriel (2). Tout comme
l’enfer est pavé de bonnes intentions, les lois peuvent avoir deux faces, l’une
bonne et lumineuse, l’autre mauvaise et obscure.
Les lois
doivent introduire dans la réalité, toujours multiforme et changeante, la norme
immuable définie par le texte de la loi. Comme la réalité a souvent plusieurs
faces selon les circonstances, le débat public sur la loi consiste à montrer
quels effets elle entraine selon les cas. C’est ainsi que le projet sur le
secret des affaires a été rejeté en raison de ses effets pervers dans le
domaine du journalisme. Mais ne dirait-on pas que ça ne résout rien, et qu’on a
jeté le bébé avec l’eau du bain ?
Alors, comment
faire de bonnes lois?
Aristote a
réfléchi sur le sujet dans l’Ethique à
Nicomaque : la loi devrait être comme la règle de plomb des architectes de Lesbos : elle devrait
pouvoir épouser la forme des évènements pour que ses prescriptions s’y adapte,
et donc soient équitables (3). Car voici ce qui définit la bonne loi : l’équité – quelques soient les
circonstances, la loi doit imposer la même justice. Or la loi qui infligerait
exactement la même sanction à des gens
différents n’appliquerait pas la même justice
Une exemple
de ce principe d’équité : le montant des amendes. Supposez que vous
imposiez une amende pour défaut de permis. Si vous imposez à tous les
contrevenants, quelque soient leurs ressources de payer le même montant vous
risquez soit de paraître ridicule au riche, soit d’être odieux au pauvre. Le
juge doit toujours être là pour applique la loi de façon équitable.
Sinon, il
resterait à conclure comme dans le droit romain : Summum jus, maxima injuria. (Cicéron, voir ici)
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(1) Publicité :
au sens d’« action de rendre public ».
(2) Il s'agissait
d'introduire dans le droit français, via un amendement à la loi Macron, un
outil juridique permettant aux entreprises françaises de mieux faire face à
l'espionnage industriel dont les cibles privilégiées sont la recherche
fondamentale, l'aéronautique et la santé.
(3) Voici ce qu’écrit Aristote : « En effet, pour tout ce qui est indéterminé, la règle ne peut donner de détermination précise, au contraire de ce qui se passe dans l’architecture à Lesbos, avec la règle de plomb. Cette règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre. De même, les décrets s’adaptent aux circonstances particulières. » (Lire le reste ici)
(3) Voici ce qu’écrit Aristote : « En effet, pour tout ce qui est indéterminé, la règle ne peut donner de détermination précise, au contraire de ce qui se passe dans l’architecture à Lesbos, avec la règle de plomb. Cette règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre. De même, les décrets s’adaptent aux circonstances particulières. » (Lire le reste ici)
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