Paradoxalement, seul un incroyant pourrait éventuellement
prouver la vérité de Dieu. Le croyant, lui est trop occupé à aimer : il ne
guette pas des démonstrations, mais des caresses.
Didier
Decoin – Il fait Dieu
Dire que l’incroyant peut prouver l’existence de Dieu n’est
pas aussi paradoxal qu’il y paraît : les théologiens sont parfois des
athées qui ont cherché dans les livres sacrés une occasion d’exercer leur
intelligence. On objectera que si un athée parvenait à prouver l’existence de
Dieu alors il cesserait instantanément de l’être – mais c’est faux. En tout cas
c’est ignorer le caractère des preuves de l’existence de Dieu qui ne montrent
jamais que sa possibilité. Car comme le dit Pascal, Dieu nous reste caché.
S’il apparaît, c’est comme dans l’épisode du buisson ardent : dissimulé
pour ne pas réduire l’homme en cendres. Croire en Dieu ne suppose pas
simplement un état de la conscience : cette croyance doit être en plus un acte de foi qui nous mène à constater que Dieu est.
L’opposition proposée par Didier Decoin entre l’athée qui
raisonne et le croyant qui n’écoute que son cœur est bonne pour la
midinette : c’est elle qui attend des caresses. Mais que fait-elle pour en
recevoir ? …
En tout cas, le croyant doit cultiver en lui la foi ;
c’est elle qui lui donne ce sentiment non pas seulement d’aimer, mais aussi d’être aimé. C’est la foi qui donne la
sensation de recevoir et pas seulement de donner. Bref : la foi est un
sentiment qui atteste l’existence de ce que nous ressentons : puisque je
reçois des caresses, alors il y a bien quelqu’un qui m’en donne.
Et si ces caresses, c’étaient moi qui me les donnais ?
Si Dieu en moi, n’était qu’une image de moi-même ?
On dira là encore que c’est incompatible avec la
réalité : la foi s’accompagne non seulement des caresses de Dieu le
bien-aimé, mais aussi de ses courroux terribles, de ses reproches, et des
remords qu’il nous inflige.
Bon – Dieu n’est pas seulement conçu à mon image. Il peut
être aussi l’image de mon Père.
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