Après un
échec, tout n'est pas fini. C'est un cycle qui commence en beauté.
Charles Baudelaire
Sois sage, ô
ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Charles Baudelaire, Recueillement – Les
Fleurs du mal CLIX
L’échec : un cycle qui
commence en beauté… On peut se livrer à une lecture prosaïque de cette
phrase. Ainsi de ceux qui font de la compétition sportive l’objet de leur
espérance, et qui, à la suite de l’échec de leur équipe, espèrent dans la
nouvelle compétition en se disant que, quand on débute mal, on ne peut que
progresser. Ou alors qu’il faut tomber bien bas pour pouvoir se relever, comme
on talonne le fond de la piscine.
Que veut dire
Baudelaire ? Que la vie est faite de cycles et qu’à la suite d’un cycle
qui se solde par un échec, un autre commence ? Que même si l’échec final
est en même temps l’échec inaugural du cycle nouveau, c’est un beau
début ? Bref : faut-il y voir une marque d’optimisme, selon le quel
le meilleur est toujours l’horizon de la vie ?
Mais enfin, l’optimisme
n’est pas le fort de Baudelaire – ça, on le sait. L’homme qui interpelle la
douleur comme dans ce poème si ténébreux et si envoutant caresse en réalité
cette idée que c’est l’échec qui donne l’expression la plus noire certes, mais
aussi la plus belle, de la nature humaine.
Oui, c’est
cela : celui qui invoque sa douleur ne peut croire au bonheur qu’à
condition de loger celui-ci dans le renoncement à la lutte et l’acceptation de
la mort – que dis-je « acceptation » ?
C’est « délectation » qu’il
faudrait dire ! Au fond, puisqu’on ne peut empêcher la mort, alors il
reste à l’aimer. Non la mort des autres – mais bien la notre.
Enfin, je
veux dire : non pas la mort, non pas le hoquet final, mais tout ce qui la
précède et l’annonce.
No comments:
Post a Comment