Sunday, February 15, 2015

Citation du 16 février 2015

Après un échec, tout n'est pas fini. C'est un cycle qui commence en beauté.
Charles Baudelaire
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Charles Baudelaire, Recueillement – Les Fleurs du mal CLIX
L’échec : un cycle qui commence en beauté… On peut se livrer à une lecture prosaïque de cette phrase. Ainsi de ceux qui font de la compétition sportive l’objet de leur espérance, et qui, à la suite de l’échec de leur équipe, espèrent dans la nouvelle compétition en se disant que, quand on débute mal, on ne peut que progresser. Ou alors qu’il faut tomber bien bas pour pouvoir se relever, comme on talonne le fond de la piscine.
Que veut dire Baudelaire ? Que la vie est faite de cycles et qu’à la suite d’un cycle qui se solde par un échec, un autre commence ? Que même si l’échec final est en même temps l’échec inaugural du cycle nouveau, c’est un beau début ? Bref : faut-il y voir une marque d’optimisme, selon le quel le meilleur est toujours l’horizon de la vie ?

Mais enfin, l’optimisme n’est pas le fort de Baudelaire – ça, on le sait. L’homme qui interpelle la douleur comme dans ce poème si ténébreux et si envoutant caresse en réalité cette idée que c’est l’échec qui donne l’expression la plus noire certes, mais aussi la plus belle, de la nature humaine.
Oui, c’est cela : celui qui invoque sa douleur ne peut croire au bonheur qu’à condition de loger celui-ci dans le renoncement à la lutte et l’acceptation de la mort – que dis-je « acceptation » ? C’est « délectation » qu’il faudrait dire ! Au fond, puisqu’on ne peut empêcher la mort, alors il reste à l’aimer. Non la mort des autres – mais bien la notre.

Enfin, je veux dire : non pas la mort, non pas le hoquet final, mais tout ce qui la précède et l’annonce.

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