Friday, February 06, 2015

Citation du 7 février 2015

(Les femmes) sont acheteuses et consommatrices et marchandises et symboles de la marchandise (dans la publicité: le nu et le sourire).
Henri Lefebvre – La Vie quotidienne dans le monde moderne (1968)
Bref : les femmes sont à la fois consommatrices et marchandises.
- Consommatrices : oui, mais essentiellement de marchandises puisqu’elles sont en même temps acheteuses. Nous ne parlons pas en effet de jolies petites fleurs qu’on cueille dans les prés au printemps. Ni des fruits qu’on grappille dans l’arbre. Ni des jolis paysages devant les quels on rêves. Non : il s’agit peut-être de tout cela, mais transformé en pots d’onguents, en programme de voyages, en revues sur papier glacé. Bien entendu, Henri Lefebvre suggère que les femmes achètent surtout  ce qu’elles sont censées vendre, c’est à dire leur beauté, comme on va le préciser de suite.
- Marchandise : ici notre auteur croit bon de le préciser : il s’agit de marchandisation symbolique de la femme – et non de la traite d’esclaves sexuelles ou de femmes à tout faire non payées comme les philippines aux Emirats. C’est du symbole qui se vend, et le symbole ça peut éventuellement se vendre sous forme d’images. Et s’agissant des femmes, qu’est-ce qui se vend sous forme d’images ? Le nu et le sourire.
Notez je vous prie qu’on ne donne pas les deux ensemble. Une femme à poil ne sourit pas. De fait il vaudrait mieux pour elle qu’elle n’ait pas de visage, tant il est difficile d’accorder celui-ci à la tension érotique suscitée par son corps.
Caractéristique dont la publicité s’est déjà emparée :


(Publié ici le 17 mars 2011)
Cette image nous permet d’ajouter ceci : le nu ne se vend pas, il fait vendre, en attirant l’attention là où va s’afficher la publicité.

Si les Femens nous montrent leurs nichons, c’est parce qu’elles savent qu’on ne pourra pas s’empêcher de les mater – et du coup de lire la propagande qui est inscrite dessus.

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