Un homme seul propose la loi que tous acceptent ;
souvent même un seul décide quand plusieurs délibèrent. (Lire la citation complète ci-dessous)
Louis
de Bonald – Du divorce. (1801) – Lire ici.
Commentaire
I
Insistons d’abord sur l’aspect le plus actuel : Bonald intègre ainsi dans son exposé
l’adage bien connu : Tous délibèrent
– Un seul décide.
On peut donc voir dans ce principe l’application de l’idée
que la pluralité des avis débouche sur la cacophonie, l’anarchie, l’impuissance
qui ruine les pays qui y succombent. C’est ainsi que les hommes veulent être
gouvernés par un seul (1) – et donc Bonald affirme que la démocratie ressemble
à une monarchie, la stabilité en moins.
Mais aujourd’hui, en février 2015 la problématique est un
peu différente : "Votez ma loi, dit
le Premier ministre, telle que je l’ai
voulue, sinon : 49.3. Vous avez délibéré: je décide." Ce ne sont pas quelques frondeurs socialistes
qui vont faire – ou défaire – la loi.
Le problème est que la légitimité appartient aux
députés : ce n’est pas à l’exécutif de dire ce qu’elle sera, il doit
s’incliner devant la décision des représentants du peuple. On ne peut y échapper, sauf à user de l’affrontement :
soit le législatif s’incline devant la volonté du pouvoir exécutif, soit il l’emporte
mais l’exécutif a le pouvoir de dissoudre l’assemblée, c’est à dire de détruire
le législatif. Du coup, où est donc la légitimité des élus du peuple, si un
pouvoir « subalterne » peut les chasser ?
Du Président qui dit : ouverture des magasins le dimanche ; suppression des 35 heures ;
travail de nuit etc. – et des députés de gauche qui ne veulent rien y
changer : qui donc a raison ?
Mais la Constitution de la 5ème République est
plus retorse ; elle admet qu’en élisant aussi le chef de l’exécutif en la
personne du Président de la république, le peuple lui accorde en dernière
instance une légitimité qui domine toutes les autres.
Hélas, trois fois hélas : qui donc parle de
légitimité ? Comme nous le montrent les députés de droite qui voudraient
bien voter la loi mais n’osent le faire parce que l’opposition de vote pas les
lois du gouvernement, tout cela est affaire de politique et non de gouvernance.
Il s’agit de conserver son siège et voilà tout. Votons donc le 49.3 – ou pas
(sinon : plus de siège)
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(1) On avait évoqué ce principe dans les citations d’Homère
et d’Aristote voir ici.
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Annexe.
« Dans la société domestique ou la famille, le pouvoir
est homme, il est un ; et dans la société publique ou générale appelée
Etat, le pouvoir doit être homme, et il est toujours un, malgré des apparences
contraires ; car un homme seul propose la loi que tous acceptent ;
souvent même un seul décide quand plusieurs délibèrent. Dans toute assemblée
législative, un vide le partage ; et la seule différence, à cet égard,
entre la démocratie la plus illimitée et la royauté héréditaire, est que
l’unité est fixe dans celle-ci, et perpétuellement mobile dans celle-là. »
Louis de Bonald – Du divorce. (1801)
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