Celui qui
veut les empêcher (les prêtres de dire la messe) est plus fanatique que celui
qui dit la messe...
L'athéisme
est aristocratique ; l'idée d'un grand Être, qui veille sur l'innocence
opprimée, et qui punit le crime triomphant, est toute populaire... Si Dieu
n'existait pas, il faudrait l'inventer.
Robespierre – 1er Frimaire an II (21
novembre 1793) (1)
En pleine
Révolution, il suffit d’attribuer à une idée au camp adverse (ici :
l’aristocratie) pour la disqualifier. On devine le sort qui attend l’athée
qualifié d’aristocratique…
Plus tard
avec d’autres révolutions, on dira que c’est le langage des ennemis du peuple, celui
de la bourgeoisie, etc.
o-o-o
Toutefois, on
peut quand même prendre au sérieux le propos.
L’athéisme
est aristocratique dans la mesure où c’est l’attitude de l’homme qui n’a pas
besoin de la promesse d’un autre monde pour compenser les injustices et les
souffrances dont est affligé l’homme du peuple. L’athée est un individualiste
et l’athéisme est déliaison, anomie
comme le dira Durkheim. A son opposé, l’homme religieux recherche le réconfort
de la promesse d’un avenir meilleur, conforté par sa foi qu’il partage avec une
communauté de fidèles. C’est exactement la même idée que Marx développera en
disant que la religion est l’opium du peuple. On a besoin non de Dieu, mais de
l’idée de Dieu (voir ici).
D’ailleurs, voyez aujourd’hui où les aristocrates ont été remplacés par les
patrons du Cac 40 : rêvent-ils de Dieu ? Seulement d’un paradis… fiscal !
Il ne s’agit donc
pas seulement comme on le croit naïvement en lisant l’histoire ce cette
période, de faire de la tolérance un sommet de la démocratie, un marqueur de la
civilisation. Il s’agit simplement de constater que l’intérêt de l’action
politique est de respecter le besoin de vie religieuse, parce que le bon
citoyen est un citoyen consolé.
Seul un Etat qui
serait capable de prendre en charge les besoins du peuple pourrait dispenser la
société de la religion.
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(1) Si Dieu
n'existait pas, il faudrait l'inventer. (Voltaire) Oui, c’est bien Voltaire qui
a dit cela, et Robespierre reprend à son compte cette citation. Le commentaire de cette citation de Voltaire
étant déjà fait (voir ici) je préfère m’en tenir à celui de Robespierre.
Voir le récit
donné par le site dicoperso de l’épisode en question.
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