Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi
l’autre. Si quelqu’un prend ton manteau, ne l’empêche pas de prendre encore ta
tunique.
Luc 6, 27-29
La haine est sainte. Elle est l'indignation des cœurs
forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la
sottise.
Emile Zola – Mes
haines (Voir aussi cette citation)
L’amour du prochain, pour un chrétien est une évidence.
Evident aussi le rejet de la haine. Haïr, c’est renoncer à éprouver cet amour,
chaud et vital. Raison pour la quelle l’indignation
militante avec tout ce qu’elle
comporte de puissance et d’élan ne peut être abordé de ce côté ci.
Selon saint Paul on ne devrait jamais s’indigner puisque
l’indignation est propice à la haine – du moins au rejet et à l’oubli de l’amour
du prochain. Aimer le prochain, ce n’est pas simplement aimer les héros et les
bienfaiteurs de l’humanité. C’est aimer justement aussi ceux qui le méritent le
moins.
On se rappelle du mouvement LosIndignados espagnols et du dégoût que la classe politique corrompue leur
a inspiré : que fallait-il faire ? Puisqu’ils nous volent, fallait-il avec saint Paul leur ouvrir sa
bourse pour leur permettre de piocher dedans plus commodément ? Et du
coup, s’en remettre à Dieu pour régler le sort politique du pays, rétablir la
justice sociale – sinon préparer une vaste place au Paradis pour les victimes
de ces politiciens pourris ?
La haine est un sentiment – ou plutôt une passion – qui
abime l’âme de celui qui l’éprouve, dit-on. C’est peut-être vrai quand elle se
développe dans le sillage de l’échec, quand elle accompagne l’amertume de
l’impuissance. Mais comme n’importe quelle autre passion, elle apporte une
force extraordinaire, qui soulève des montagnes – à condition de la diriger
dans la bonne direction, et ça, ce n’est pas plus facile à faire avec la haine
qu’avec l’amour
No comments:
Post a Comment