Isaac Asimov
Phrase à double sens :
1 – Soit j’ai peur de manquer un jour d’ordinateur (par
exemple : qu'il tombe en panne)
2 – Soit j’ai peur de devenir dépendant des ordinateurs.
Le sens 2 me parait le plus fécond, encore qu’il soit un
peu contradictoire avec le début de la citation. En tout cas, c’est l’occasion
de s’interroger : aujourd’hui, c’est certain, les ordinateurs nous
manqueraient s’ils venaient à tomber en panne. Imaginez votre smartphone inerte ?! (1) Est-ce une raison pour
les redouter ?
Je crois qu’il y a plusieurs réponses à apporter à la
question de la peur qu’on devrait – ou pas – ressentir à propos des
ordinateurs.
- Il y a
le cas des gens comme moi qui ont vécu la plus grande partie de leur vie sans
ordinateurs, et sans Internet. Du coup, lorsqu’ils ont eu ces machines et leurs
applications, ils ont cherché d’abord à se simplifier la vie en utilisant tout
ce bazar pour faire la même chose qu’avant, mais plus facilement et mieux. Par
exemple, au lieu de manipuler le Robert en 7 lourds volumes, consulter
la version numérique en CD-Rom, et puis en suite la version en ligne, en
concurrence avec le TLF et puis bien d’autres. Mais si mon ordi tombe en panne,
je suis capable de prendre une feuille de papier, et d’écrire à la main
(oui : à la main !) des textes qui du coup ne changeront pas d’un
iota – sauf qu’ils seront plus compliqués à corriger.
Tout ce que je fais avec Internet, je le ferais aussi
bien sans – à condition de pouvoir voyager partout dans le monde pour consulter
les bibliothèques, les recherches des Universités – voire même rencontrer ceux
qui les ont écrites ou simplement lues. Pas facile…
- Mais
il y a aussi le cas de ces jeunes gens qui surfent sur le Net et qui
grappillent sans cesse des informations, des images, des sensations. Ils font
ce que Roland Barthes décrivait dans le plaisir du texte : comme le
lecteur qui joue à saute-mouton par dessus les pages du livre, ils
« surfent », ne suivant que la logique de leur plaisir. Il y a donc
un usage pervers du Net, un usage qui ne nous apporte rien d’autre que
du plaisir.
Et alors ? Tout ce que nous faisons dans notre vie
n’a-t-il pas un tel but ? Certes, mais prenons garde : notre plaisir
pourrait nous rendre dépendants des ordinateurs. Que serait notre vie sans
écrans ?
-----------------------------
(1) A
propos : la 15ème journée mondiale sans téléphone portable
était le 6,7,8 février 2015. Vous vous en êtes aperçu ?
No comments:
Post a Comment