Wednesday, March 18, 2015

Citation du 19 mars 2015

Le risque est grand de voir les gardes-frontières qui entreprennent de défendre l’Europe contre la barbarie montante devenir à leur tour des fascistes.
Imre Kertész – Entretien, Le Monde, 28 janvier 2015
(Imre Kertész, né à Budapest le 9 novembre 1929 est un écrivain hongrois, survivant des camps de concentration et lauréat du prix Nobel de littérature en 2002)

Cette citation a un double avantage : d’abord issue d’un entretien de date très proche, elle nous parle vraiment de notre situation. Ensuite, quand un homme tel que Kertész, survivant des camps de concentration nazis, parle de fascisme, on peut admettre qu’il sait de quoi il parle.
Donc : entre barbarie et fascisme – choisis ton camp, camarade !
Effrayant… D’autant que lorsque la barbarie frappe aujourd’hui, elle ne se contente pas de massacrer des hommes, des femmes et des petits enfants, mais elle le fait au milieu des œuvres d’art qu’ils étaient venus contempler. (Référence :tuerie du Musée du Bardo de Tunis)
Alors, on dit à chaque fois la même chose : on va durcir les lois anti-terroristes par des mesures certes liberticides, mais enfin, on sait bien que les américains ont applaudi au patriot act. Après tout si ça doit gêner quelqu’un ce devraient être seulement les personnes mal intentionnées : pas de liberté pour les ennemis de la liberté comme disait Saint-Just.
Mais évidemment cela conforte l’opinion de Kersetsz : vouloir se protéger grâce à des garde-frontières, c’est se claquemurer dans son territoire, en chassant tous les candidats barbares (des étrangers ou des convertis, bien sûr). Et du coup, le fascisme n’est pas loin.
Que faire ?
Je ne sais pas trop (du moins à court terme). Par contre on a un moyen d’évaluer les risques impliqués par telle ou telle mesure anti-terroriste. On devrait faire comme avec les mesure de dissuasion contre la guerre : il s’agit de savoir ce qui se passe si elles échouent ; les risques qu’elles nous font courir ne sont-ils pas pires que ceux que nous courons sans elles ? Par exemple, contre l’ennemi, vous pouvez vous entourer de remparts. En cas d’échec, ils n’aggravent pas la situation. Par contre, équipez-vous d’un arsenal nucléaire : si l’ennemi passe à l’attaque vous allez le réduire en cendres… et vous avec (même chose avec l’arme bactériologique).

J’abrège : tracez des frontières et entourez-vous de remparts tant que vous voudrez. Mais gardez-vous bien de mettre des garde-frontière dessus.

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