Le risque est
grand de voir les gardes-frontières qui entreprennent de défendre l’Europe
contre la barbarie montante devenir à leur tour des fascistes.
Imre Kertész – Entretien, Le Monde, 28
janvier 2015
(Imre Kertész, né à Budapest le 9
novembre 1929 est un écrivain hongrois, survivant des camps de concentration et
lauréat du prix Nobel de littérature en 2002)
Cette
citation a un double avantage : d’abord issue d’un entretien de date très
proche, elle nous parle vraiment de notre situation. Ensuite, quand un homme
tel que Kertész, survivant des camps de concentration nazis, parle de fascisme,
on peut admettre qu’il sait de quoi il parle.
Donc :
entre barbarie et fascisme – choisis ton camp, camarade !
Effrayant…
D’autant que lorsque la barbarie frappe aujourd’hui, elle ne se contente pas de
massacrer des hommes, des femmes et des petits enfants, mais elle le fait au
milieu des œuvres d’art qu’ils étaient venus contempler. (Référence :tuerie du Musée du Bardo de Tunis)
Alors, on dit
à chaque fois la même chose : on va durcir les lois anti-terroristes par des
mesures certes liberticides, mais enfin, on sait bien que les américains ont
applaudi au patriot act. Après tout
si ça doit gêner quelqu’un ce devraient être seulement les personnes mal
intentionnées : pas de liberté pour
les ennemis de la liberté comme disait Saint-Just.
Mais
évidemment cela conforte l’opinion de Kersetsz : vouloir se protéger grâce
à des garde-frontières, c’est se claquemurer dans son territoire, en chassant
tous les candidats barbares (des étrangers ou des convertis, bien sûr). Et du
coup, le fascisme n’est pas loin.
Que
faire ?
Je ne sais
pas trop (du moins à court terme). Par contre on a un moyen d’évaluer les
risques impliqués par telle ou telle mesure anti-terroriste. On devrait faire
comme avec les mesure de dissuasion contre la guerre : il s’agit de savoir
ce qui se passe si elles échouent ; les risques qu’elles nous font courir
ne sont-ils pas pires que ceux que nous courons sans elles ? Par exemple,
contre l’ennemi, vous pouvez vous entourer de remparts. En cas d’échec, ils
n’aggravent pas la situation. Par contre, équipez-vous d’un arsenal
nucléaire : si l’ennemi passe à l’attaque vous allez le réduire en
cendres… et vous avec (même chose avec l’arme bactériologique).
J’abrège :
tracez des frontières et entourez-vous de remparts tant que vous voudrez. Mais
gardez-vous bien de mettre des garde-frontière dessus.
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