Que d’hommes
ne se connaissent pas d’autre raison de vivre que la peur de mourir !
Maurice Chapelan – Main courante
Qu’est-ce qui
nous fait aimer la vie ? Du moins, qu’est-ce qui nous donne envie de vivre
– de continuer à vivre ?
Poser cette
question, c’est en même temps admettre que ce n’est pas si évident que ça de
vivre. Avons-nous des joies à la hauteur de nos efforts ? Bénéficions-nous
d’un « retour sur investissement » suffisant ? Finalement
serait-il plus raisonnable de cesser de vivre,
plutôt que de s’acharner à survivre ?
A cette
question il y a plein de réponses positives
et réjouissantes. Mais je recherche la réponse minimale, celle que
personne ne peut récuser d’un haussement d’épaule.
Cette réponse
est celle de notre chroniqueur-du-jour : quand nous aurions
perdu toutes les autres raisons, reste la peur de mourir qui nous attache à la
vie.
Une
supposition : vous n’êtes pas encore né et on vous demande si vous
souhaitez naitre ou bien si vous préférez rester dans les limbes (1). On peut
admettre que vous pourriez souhaiter rester comme vous êtes – en tout cas, il
est certain que les hindouistes répondront comme ça.
Seulement, on
ne nous a pas demandé notre avis : on nous a balancé dans l’existence, et
puis voilà ! Alors, comment voulez-vous qu’on s’en réjouisse ? Nous
a-t-on donné le choix de l’époque où naitre ? Non : c’est par exemple
le cas de tous ceux qui sont nés en France en 1348 (Guerre de 100 ans +
épidémie de peste noire) ? Ou bien au Bengladesh ? Et les parents ?
Ils sont immigrés ou intouchables indiens, et ils ont des enfants ? Eh
bien, voilà : tous ces petits enfants, si mal nés, il vont vivre toute
leur vie tant bien que mal, avec ce handicap.
On est dans
la situation du chômeur qui a poussé la porte de Pôle-emploi et qui s’entend dire :
- Si vous voulez continuer d’être dans nos fichiers, vous devez accepter les
emplois qu’on vous propose. Tiens, il y a justement un travail de technicien de
surface qui vous attend à Hénin-Beaumont. Quoi ? Vous étiez ingénieur aéronautique
à Toulouse ? Et alors ?
Alors, plutôt
que de crever de faim, on dira oui. Et ne demandez pas pourquoi.
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(1) Limbes,
déf. ici
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