Tous les
hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou
lâches, méprisables et sensuels. Toutes les femmes sont perfides,
artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées. Mais il y a au monde une
chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si
affreux.
Alfred de Musset
Alchimie de
l’amour… Transmutation du vil plomb en or… Voici que l’union de deux êtres si
méprisables engendre cette sublime entité. Oui, l’Amour, si jamais il fallait
en faire l’éloge, devrait être admiré pour cette extraordinaire métamorphose.
Faut-il
expliquer comment cela s’opère ? N’est-ce pas blasphémer cette chose sainte et sublime que de
l’analyser, de la décomposer, de l’interpréter ? Comme le faisait
récemment remarquer un de nos auteurs, le pieux fidèle d’un culte ne perd pas
son temps à dire : il fait. Il n’explique pas que son Dieu
existe, il l’aime. Et pourtant, si cela permettait d’éclairer un mystère de
l’amour, nous serions justifiés de le tenter.
Car voilà :
nous sommes parfois étonnés – voire même exaspérés – de constater combien des
hommes (des femmes) sot(te)s et laid(e)s sont admiré(e)s de leur
amoureux(se) : quand cela se produit on hausse les épaules et on dit que,
bien-sûr, l’amour est aveugle !
Et si chacun des
amoureux adressait son regard énamouré non pas son (sa) partenaire, mais à seulement
à cette moitié de couple qu’il (elle) forme avec lui ?
Deux arguments
pour le prouver :
- Platon nous
explique que l’amour consiste à reconstituer un être unique à partir de deux
moitiés. Ainsi, que chaque moitié soit méprisable ou dépravé(e), n’a aucune
importance ; cela signifie simplement que l’on est en présence d’un être
mutilé, qu’on doit l’incruster dans un tout avant de le juger.
- Quand bien
même on ne s’intéresserait pas au mythe platonicien, la jalousie qu’on estime
consubstantielle à l’amour prouverait facilement que chaque amoureuse ne voit
son partenaire que dans l’union formée avec elle-même.
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