Saturday, September 12, 2015

Citation du 13 septembre 2015

Le risque est grand de voir les gardes-frontières qui entreprennent de défendre l’Europe contre la barbarie montante devenir à leur tour des fascistes.
Imre Kertész – Le Monde, 28 janvier 2015

A quoi reconnaît-on qu’on pouvoir est entrain de devenir fasciste ? Au fait qu’il se transforme en garde-frontière.
Notons (1) que Kertész est hongrois et qu’il sait de quoi il parle quand il parle de fascistes ; voici donc que le gouvernement hongrois a fait édifier en toute hâte à la frontière du pays une barrière de barbelés pour empêcher de passer les migrants venus des Balkans en transitant par la Serbie. (Lire ici)
N’oublions pas qu’il y a deux sortes de mur : ceux qui empêchent de sortir (comme le Mur de Berlin) et ceux qui empêchent d’entrer (comme en Israël ou le long de la frontière américano-mexicaine). Le mur Hongrois est de cette seconde sorte et son rôle est d’éviter l’invasion de la barbarie montante. Tout est là : le fascisme se définit comme possesseur d’une civilisation d’un degré supérieur, et il se sent assiégé, comme dans les mécanismes sectaires ;  ceux qui sont de l’autre côté de sa frontière sont des hommes d’une qualité inférieure et la menace est de les voir déferler et piller, souiller, avilir la Civilisation dont ils sont détenteurs.
Cette clé d’analyse est un peu sommaire, c’est vrai ; il y a bien d’autres signes de la fascisation du pouvoir, c’est vrai également ; le terme de fascisme, galvaudé au-delà du raisonnable pourrait être avantageusement remplacé par d’autres, tels intégrismes, extrémisme, nationalisme  – que sais-je ? – et c’est encore vrai. Mais il y a tout de même quelque chose qui devrait nous alerter : car à part la frontière qu’on trace, il y a la définition du trésor qu’on veut préserver. Certains veulent sauver leur prospérité menacée par les étrangers : on ne partagera pas ! C’est terrible, mais c’est un moindre mal. Mais il y a aussi ceux qui veulent sauver la Civilisation, comme ce maire qui dit : « J’accepte de recueillir des réfugiés à une condition : qu’il soient chrétiens. »
Le maire de Roanne veut vérifier que les réfugiés qui arrivent chez lui sont bien chrétiens – et surtout pas musulmans. Il se propose de « leur poser deux ou trois questions sur le christianisme pour vérifier » (voir ici).
Finalement ce n’est pas si extraordinaire que ça : les islamistes demandent aux otages qu’ils ont raflé au hasard de réciter leur prière coranique : ils égorgent ceux qui ne savent pas le faire.
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(1) Imre Kertész né le 9 novembre 1929 à Budapest, est un écrivain hongrois, survivant des camps de concentration et lauréat du prix Nobel de littérature en 2002 (Art. Wiki) – Voir ici.

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