Le risque est grand de voir les gardes-frontières qui
entreprennent de défendre l’Europe contre la barbarie montante devenir à leur
tour des fascistes.
Imre
Kertész – Le Monde, 28 janvier 2015
A quoi reconnaît-on qu’on pouvoir est entrain de devenir
fasciste ? Au fait qu’il se transforme en garde-frontière.
Notons (1) que Kertész est hongrois et qu’il sait de quoi il
parle quand il parle de fascistes ; voici donc que le gouvernement
hongrois a fait édifier en toute hâte à la frontière du pays une barrière de barbelés pour empêcher de passer les migrants venus des Balkans en transitant
par la Serbie. (Lire ici)
N’oublions pas qu’il y a deux sortes de mur : ceux qui
empêchent de sortir (comme le Mur de Berlin) et ceux qui empêchent d’entrer (comme
en Israël ou le long de la frontière américano-mexicaine). Le mur Hongrois est
de cette seconde sorte et son rôle est d’éviter l’invasion de la barbarie montante. Tout est là :
le fascisme se définit comme possesseur d’une civilisation d’un degré
supérieur, et il se sent assiégé, comme dans les mécanismes sectaires ; ceux qui sont de l’autre côté de sa frontière
sont des hommes d’une qualité inférieure et la menace est de les voir déferler
et piller, souiller, avilir la Civilisation dont ils sont détenteurs.
Cette clé d’analyse est un peu sommaire, c’est vrai ;
il y a bien d’autres signes de la fascisation du pouvoir, c’est vrai également ;
le terme de fascisme, galvaudé au-delà du raisonnable pourrait être avantageusement
remplacé par d’autres, tels intégrismes, extrémisme, nationalisme – que sais-je ? – et c’est encore vrai.
Mais il y a tout de même quelque chose qui devrait nous alerter : car à
part la frontière qu’on trace, il y a la définition du trésor qu’on veut
préserver. Certains veulent sauver leur prospérité menacée par les
étrangers : on ne partagera pas ! C’est terrible, mais c’est un
moindre mal. Mais il y a aussi ceux qui veulent sauver la Civilisation, comme ce
maire qui dit : « J’accepte de recueillir des réfugiés à une
condition : qu’il soient chrétiens. »
Le maire de Roanne veut vérifier que les réfugiés qui
arrivent chez lui sont bien chrétiens – et surtout pas musulmans. Il se propose
de « leur poser deux ou trois questions sur le christianisme pour vérifier »
(voir ici).
Finalement ce n’est pas si extraordinaire que ça : les
islamistes demandent aux otages qu’ils ont raflé au hasard de réciter leur
prière coranique : ils égorgent ceux qui ne savent pas le faire.
---------------------------------------
(1) Imre Kertész né le 9 novembre 1929 à Budapest, est un
écrivain hongrois, survivant des camps de concentration et lauréat du prix
Nobel de littérature en 2002 (Art. Wiki) – Voir ici.
No comments:
Post a Comment