L’action ne
doit pas être une réaction mais une création.
Graffiti mai-68 (Fac de Censier)
1 – Observons
pour commencer qu’il y a nécessairement des actions qui sont des réactions.
Sans quoi on serait en perpétuelle rupture avec la réalité ambiante, chacun
inventant sans cesse de nouvelles actions qui ne répondraient pas nécessairement
à l’urgence du moment.
2 – En suite
qu’il y a un moment pour la création et un autre moment pour la réaction. D’un
côté, il y a des actes prévisibles dont toute la valeur tient à la perfection
de leur réalisation et de leur à-propos. De l’autre, une nouveauté générée dans
la solitude (même environnée de monde : le créateur est un solitaire),
totalement imprévisible, même s’il reste encore opportun.
3 – Mais
doit-on accepter qu’on parle d’une opposition systématique entre réaction et
création ? Déjà, la création peut parfaitement être aussi une réaction à
une sollicitation du milieu. Certains artistes ne se sentent inspirés que dans
des circonstances très pressantes, comme un danger majeur ou une forte émotion (d’amour
ou d’horreur – Guernica).
Mais surtout
il ne faudrait pas minorer le côté improvisation de l’action courante. Même quand
je réagis – par exemple verbalement à des propos tenus devant moi – il n’en
reste pas moins que je peux inventer totalement une réponse, une répartie,
bref : quelque chose que je ne savais pas dire l’instant d’avant et qui me
vient je ne sais d’où.
L’improvisation
dont nous parlons ici (= celle qui fuse dans une conversation) est bien une
création, on ne peut en douter quand bien même elle n’aurait pas la valeur
qu’on aime attribuer à ce qu’on crée ; elle est une création réagissant à
la sollicitation et donc en situation, même s’il lui arrive d’être
« inappropriée ». Enfin, elle est constante, même dans la
conversation de tous les jours, à moins qu’elle soit faite de banalités de
« coin de rue », un peu comme avec les dialogues des personnages de la
Cantatrice chauve de Ionesco.
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