Tout comme nos amies les entreprises ne consacreraient pas
des milliards à la publicité si elle ne rapportait pas encore plus, la classe
politique fait rarement dans la gratuité.
Jean
Dion
Montesquieu disait que le principe de la démocratie est la
vertu, c’est à dire la volonté de faire passer l’intérêt général avant
l’intérêt privé. On se contente en général de cette réponse, et, quand
quelqu’un demande : « Mais, qu’est-ce qui rend le combat politique si
acharné ? Oui, qu’est-ce qui fait que nos hommes politiques courent après
le pouvoir, s’ils sont tellement désintéressés ? », on
répond quand même : « Gratuité» …
« Sacrifice »… « Amour de son pays »… Et
surtout : « Engagement
politique »…
Oui, mais… Et si notre auteur-du-jour
avait raison ? Si les politiciens avaient besoin d’un autre carburant pour
mettre leur talent au service du pays ?
C’est là que le bât blesse. Car on sait que les émoluments
(c’est comme ça qu’on dit ?) versés aux personnes qui occupent un poste
politique sont réduits – du moins comparés à ces primes versées par les
entreprises privées à leurs cadres supérieurs. Il faudrait donc à ces gens
encore plus de vertu qu’on ne leur en imaginait tout à l’heure parce qu’on
n’avait pas la mesure de leur sacrifice ! En politique, pas de parachute
doré ! Vous perdez les élections
et, du jour au lendemain, vous voici sans ressources, parce que bien sûr vous
avez dû abandonner votre travail durant votre députation.
Donc, il y a forcément une compensation et si l’amour de la
patrie ne suffit pas, en quoi consiste-t-elle ?
Certain disant que ces messieurs se constituent durant leur
mandat des carnets d’adresse – on dirait aujourd’hui des réseaux – qu’ils
peuvent faire fructifier quand, éloignés du pouvoir, ils se font conseillers,
avocats d'affaire etc. On a fait honte à Nicolas Sarkozy de profiter de son passé prestigieux
pour donner à l’international des conférences payées plusieurs centaines de
milliers de dollars. On devrait dire plutôt : « Je préfère ça à ceux
qui se payent en jouissant, durant leur mandat, de l’exercice sans frein de leur le pouvoir.
C’est beaucoup plus dangereux. »
On oublie simplement de dire que les deux peuvent se
cumuler : jouissance du pouvoir pendant
la durée de leur fonction ; et royalties après.
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