XXXV – Il n'y a ni justice ni injustice à l'égard des
animaux qui, par leur férocité, n'ont pu vivre avec l'homme sans l'attaquer et
sans en être attaqués à leur tour. Il en est de même de ces nations avec qui on
n'a pu contracter d'alliance pour empêcher les offenses réciproques.
Epicure
– Maximes (Voir l’ensemble des Maximes d’Epicure ici)
Certains de nos compatriotes manifestent ouvertement leur
hostilité à l’idée d’ouvrir nos frontières aux demandeurs d’asile syrien, quand
bien même leurs souffrances en seraient accrues. On peut même penser qu’ils
apprécient l’attitude de la Hongrie de Viktor Orban qui ferme la frontière à l’est
de leur pays – frontière qui se trouve être en même temps celle de l’espace
Schengen. Et beaucoup sont scandalisés de cette attitude qu’ils jugent
inhumaine.
On devait pourtant mieux comprendre ces comportements et voir
qu’ils viennent d’un contexte fort
différent des principes humanitaires.
- Ces derniers conduisent à un jugement moral : les homme, dit-on, sans distinction quelle
qu’elle soit, ont un droit imprescriptible à la sauvegarde de leur vie et doivent être
protégés par tout homme qui en aurait le pouvoir. Ce jugement dépend de la Justice entendue comme un idéal
transcendant, qui s’impose à tous, et qui peut même conduire à des sanctions pénales, puisque la non-assistance à personne en danger est un délit.
- Les autres jugements relève du droit positif, qui fait appel à un ensemble de prescriptions qui
ont été conclues entre certains peuples, selon l’avantage qu’ils y
trouvent. De ce point de vue, qui est aussi celui d’Epicure, il n’est plus question
de justice universelle et les lois qui nous imposent de nous protéger les uns
les autres ne valent qu’entre ces partenaires. Du coup, la justice et l’injustice
ne sont plus des valeurs supérieures aux lois particulières, mais sont
subordonnées à elles. Il n’y a d’injustice que lorsqu’un pacte de non agression
est rompu. Par contre nous n’avons nulle obligation envers ceux qui ne nous
sont liés par aucune convention : « Il n'y a ni justice ni injustice à l'égard… de ces nations avec qui on
n'a pu contracter d'alliance pour empêcher les offenses réciproques. »
Traduction dans le langage de nos compatriotes peu enclins à
l’ouverture des frontières : « Ces pauvres syriens sont bien
malheureux, mais nous n’avons pris nul engagement envers eux de les secourir.
Ceux qui le font n’obéissent qu’à l’appel de leur utilité propre et non par
stricte humanité. »
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