Le
Premier ministre slovaque (voir ici)
DILEMME, subst. masc.
B. P. ext. usuel. Nécessité dans laquelle se trouve une
personne de devoir choisir entre les deux termes contradictoires et également
insatisfaisants d'une alternative
… « Je
m'agite dans ce dilemme : être moral ; être sincère » (GIDE, Journal, 1892, p. 29)
Article « Dilemme »
TLF
On l’a compris : la situation où se trouvent les
pays d’Europe concernés par l’accueil des migrants syriens relève du dilemme.
Car d’un côté ils ont le devoir de les secourir, mais à part ça, rien ne les
prédispose à le faire ; de l’autre ils sont perçus comme une menace
d’invasion, les millions de réfugiés au Liban, en Turquie et ailleurs menaçant
de déferler chez nous. Quant à nous, bien sûr, nous percevons nos voisins comme
mieux disposés que nous : les allemands ont de tout façon besoin de migration
pour compenser leur dénatalité ; les anglais les utiliseront pour
continuer à faire chuter les salaires.
Et nous ? Nous qui avons arrêté les Sarazins à
Poitiers et qui depuis ne cessons de chercher un continuateur à Charles Martel,
nous ne manquons pas de gens qui disent tranquillement : « Qu’ils
retournent chez eux et qu’on secoure nos propres affligés ». Quand au FN,
il nous dit : « Oui, bien sûr, il faut secourir ces gens… mais chez
eux. Créons des zones de sécurité dans leur pays et mettons-les dedans ».
Des sortes de Bantoustans – à moins qu’il ne s’agisse de quelque chose comme l’Etat juif Sibérien dont rêvait Hitler.
Si l’horrible photo du petit Aylan a servi à quelque
chose, c’est à nous débarrasser de ces arguments. Ces « gens », ces
« migrants » sont des hommes, des femmes, des enfants qui souffrent
et qui meurent. En face de ça, qui irait dire encore que ces sont des flux
d’immigrants à rediriger ? Que leur mort est inscrite dans l’histoire de
leur pays et que, puisque, de toute façon, ce sont El Assad et Daeche qui sont
responsables, nous sommes dédouanés de toute obligation ?
Oui, si cette horrible photo nous afflige, c’est parce
que, sans détour, elle nous montre la réalité, débarrassée du « rideau de
fumée des idéologies ».
Après, que ce soit un dilemme, qu’importe ? En
morale, il faut de toute façon trancher par un choix, et pour paraphraser Kierkegaard,
disons : « Ce n’est pas le choix qui est difficile ; c’est le
difficile qui est le choix »
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