A Béziers on dit : « Le racisme, c’est comme les
arabes – ça ne devrait pas exister ! »
Emmanuel
Todd – Qu’est-ce que Charlie ? (p.155)
Selon
E. Todd qui la cite, cette boutade date de 1995 et non de la période Ménard. Dans
le même passage, il affirme que ce mouvement d’exclusion disparait spontanément
avec les enfants de la « seconde génération », issue de couples
mixtes ou non. Comme on le sait, l’action de l’actuelle municipalité biterroise
s’applique à démentir ce principe.
Et si on prenait au sérieux cette plaisanterie ? Si
effectivement les arabes, ça ne devrait pas exister, parce que sans eux, le
racisme disparaitrait ?
Bien entendu, on devra d’abord épurer cette interprétation
de l’insinuation nauséabonde faisant des arabes les responsables de l’exclusion
où ils sont tenus par certains – qui seraient alors racistes « malgré eux ».
Et si on disait plutôt : « Les arabes ça n’existe pas ! » ?
Ou pareil : « Les noirs, ça n’existe pas. Les juifs non plus ».
Et les femmes ? Ou les hommes ?
Bref, pour échapper aux sarcasmes qu’entraine inévitablement
de genre d’affirmation (« Quoi ?! Vous voulez blanchir les noirs,
viriliser les femmes, déjudaïser les juifs, etc. »), il nous reste à dire
que les caractéristiques humaines sont composées de données biologiques et de données historiques et
culturelles. Que si une femme est biologiquement une femme, elle a par contre
des milliers de façons d’être concrètement une femme – que l’histoire a déjà
révélées ou bien qui restent à dévoiler.
Bref : le raciste est l’homme qui croit qu’il y a une
essence venue de la race qui se superpose à une essence humaine, qui vient la
parasiter, la dénaturer, et que cette essence humaine « profonde »
existe à l’état pur chez certains – sans doute « protestant/anglo-saxon/blanc », comme disent les suprématistes américains.
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