Tous mes jours sont des adieux. Pourquoi faut-il dire adieu,
dès son enfance, à tout ce qu'on aime ? Pourquoi les choses se défont-elles,
pourquoi tout s'en va-t-il ?
Alain
Rémond – Chaque jour est un adieu
Un adieu célèbre une rupture qui détruit ou qui défait.
Et si chaque jour est un adieu,
sommes-nous entrain de nous défaire peu à peu, inexorablement, descendant chaque
jour une marche de plus de l’escalier qui mène au tombeau ? Ou bien
sommes-nous au contraire entrain de nous défaire d’un poids qui nous empêchait
de gagner de l’espace en hauteur et en profondeur ?... Le jeune homme
quitte ses parents pour partir dans le vaste monde ; il quitte sa fiancée
qui ne lui promettait que l’assiette de soupe au soir d’une journée de
labeur ; il tourne le dos à ses obligations pour céder à ses passions…
Même la mort n’est pour certains qu’une étape que nous
devons franchir pour accéder à une plus haute destinée. Rappelez-vous, le Petit
Prince au moment d’aller se faire mordre par un serpent mortel : - … Je ne peux pas emporter ce corps-là. C'est
trop lourd. …Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n'est pas
triste les vieilles écorces...
Les adieux aux mourant sont déchirants, parce qu’on pense qu’il
ne subsiste rien après eux –qu’avec eux quelque chose périt qui jamais ne renaitra.
Pourtant, le serpent (même celui du Petit Prince) dit adieu sans regret à sa
mue lorsqu’il en sort resplendissant dans sa nouvelle peau.
Alors, que croire ? Se débrouiller pour croire en la
destinée de l’âme, croire qu’elle va aller au Paradis ou bien renaitre dans la
peau d’un autre ? Le mourant ne dit pas « adieux » à ses
enfants, mais « au revoir » ; et puis on s’en va retrouver
là-haut, près des étoiles, nos chers disparus qui nous attendent.
Hum… Je ne me sens pas du tout concerné par ce scénario. Il
faut alors vivre comme si il n’y avait pas d’adieux. Comme si demain devait
être un autre jour, ce que je perds aujourd’hui sera remplacé par autre chose
demain. Et s’il n’y a pas de « demain » ? Hé bien un jour sans
lendemain est un jour comme un autre, tout simplement parce que ce
« non-lendemain » n’est que du néant et que le néant est
impensable ; tout comme la mort qui n’est pensable que parce qu’on imagine
qu’il y a quelque chose après.
Les philosophes se répartissent en deux camps : ceux
qui pensent qu’il y a une vie après la vie et que vivre ici bas est destiné à
permettre la vie dans l’au-delà ; et puis ceux qui pensent que la mort
n’est rien, mais que c’est l’idée de la mort qui est importante.
1 comment:
très beau sujet cet adieu ...
Je vous embrasse cher Ami philosophe jean pierre
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