De toutes les vanités, la plus vaine c’est l’homme.
Montaigne
Montaigne a raison : quelque soit notre misanthropie, et même si c'est vanité, c’est quand même l’homme que nous aimons pardessus tout. Ou plutôt, l’Homme
avec Grande et Belle majuscule, c’est à dire le genre humain. Après ça, libre à
vous de détester tous les hommes en particulier parce qu’indignes selon vous
d’en faire partie.
Maintenant nous pouvons nous demander s’il faut croire
sérieusement que les hommes aiment l’humanité entendue comme l’ensemble des
hommes passés présents et à venir. Considérons en effet le sort que nous
réservons à nos enfants et aux enfants de nos enfants, alors qu’on pille
allègrement les ressources qui leur seront nécessaires, et cela sans aucune
honte : voilà qui est bien édifiant ! Détaillons :
- Déjà, la dette :
nous sommes obligés de nous endetter rien que pour en payer les intérêts. On
nous fait honte en nous disant que nous laisserons à nos descendants le soin de
rembourser tout ça. Et tout ce que nous trouvons à faire c’est de hausser les
épaules en disant : « Bof ! Ils n’auront qu’à ne pas
rembourser ! » Demandons aux Grecs ce que ça veut dire…
- Ensuite, les ressources
de la planète : plus de pétrole ! Ils auront intérêt à avoir des
idées.
- Et encore : l’air
que nous respirons, la nature qui
nous environne, les rivières où nous nous baignons, où nous puisons l’eau que
nous buvons ; si nous aimions véritablement l’espèce humaine, nous serions
soucieux de léguer à nos enfants qui sont chargés de la perpétuer tout cela que nous avons reçus des générations qui nous
ont précédés - et qui reste déterminant pour la survie des générations futures.
Mais voilà : on s’en moque éperdument. Ils n’auront
qu’à inventer d’autres moyens pour vivre. Bien sûr on suppose qu’une fois qu’on
aura cramé les champs et les bois, le désert qui restera sera un espace où ils
pourront évoluer librement… Et puis ils auront surement trouvé un moyen
d’épurer l’air et l’eau et puis des bactéries rongeuses de radioactivité.
Et s’ils ne le font pas ? Qu’importe ! Il suffit
que nos chers enfants que nous aimons tant aient eu de quoi vivre. Après tout
ils n’ont pas l’obligation de faire eux-mêmes des enfants.
C’est Hans Jonas (1) qui a introduit en morale l’obligation
de respecter la vie future – et non pas seulement la vie de ceux qui coexistent
avec nous, comme dans la morale classique. Mais il semble bien qu’il n’ait pas
été vraiment entendu.
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(1) Hans Jonas – Le principe responsabilité
1 comment:
de la petite phrase de Montaigne vous nous faites un commentaire si juste . je me rappelle avoir jouer la grande enseigne pour France Culture et la femme était malade dépressive de n'offrir à son gosse que ses dettes , c'était très bien posée et votre billets me rappelle cette femme.
Merci de votre commentaire sur mon billet d'hier , je vous ai repondu.
à bientôt . Vos pensées m'aident sur mon chemin. et c'est très agréable d'avoir un homme blogeur belle ressource .
et çà dure depuis longtemps .
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