Qu'on soit de droite ou qu'on soit de gauche, on est
toujours hémiplégique.
Raymond
Aron
Je ne suis ni de droite ni de gauche
Emmanuel
Macron
La phrase de Raymond Aron est très éclairante : il
faudrait cumuler les qualités de chaque tendance politique pour en évacuer les
défauts. Par exemple, avoir le sens de l’autorité de la droite et l’amour de la justice comme la gauche,
permettrait de faire régner la justice avec autorité.
Ce qui suppose
1 – Que les qualités des uns et des autres puissent se
cumuler.
2 – Que la somme de ces qualités neutralise la somme de
leurs défauts.
o-o-o
Maintenant la phrase d’Emmanuel Macron peut aussi signifier
que justement ces deux conditions sont irréalisables et donc qu’il faudrait
inventer un nouveau modèle qui ne reprenne rien des modèles précédents. C’est
ce qu’on entend un peu partout en ce moment : sortons des organisations
partisanes et réunissons tous les hommes de bonne volonté. On rêve alors d’une
communauté humaine animée par l’intuition collective du juste, du beau et du
bon, un peu comme Descartes lorsqu’il affirmait que « le bon sens est le
chose du monde la mieux partagée ». On sait que, pour que le règne de la
raison advienne, il y a avait selon lui
l’étape préalable de l’apprentissage de la méthode, ce qui obligeait à mettre
de côté les émotions et les passions qui détraquent tout dans la pensée.
« Je ne suis ni de droite ni de gauche »… Si les
gens sont un peu fatigués de ces déclarations péremptoires des politiques,
c’est qu’ils y voient justement non pas une invitation à dépasser les
organisations partisanes, mais plutôt à oublier l’évidence : à savoir que
le politique suppose toujours des partis conçus comme des organisations
structurées, c’est-à-dire des hommes qui pensent et d’autres qui exécutent.
Préférons Raymond Aron qui ne nous invite pas à façonner un nouveau parti, mais
bien à prendre la mesure de ceux qui existent. Si nous revenons à notre
introduction, rien ne nous garantit en effet qu’il soit possible de cumuler les
avantages et de neutraliser les inconvénients. On l’a bien vu, quand le
gouvernement a voulu favoriser les entreprises : les travailleurs se sont
levés en criant : « Et nous-et-nous ! ». Et réciproquement.
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